« Ta voiture c’est une Android ou une CarPlay ? », cette question pourrait entrer progressivement dans les mœurs, selon Politico. Systèmes d’exploitation ou divertissement à bord, Google, Apple et dans une moindre mesure Amazon, tentent de s’imposer sur ces marchés en signant divers contrats avec les constructeurs automobiles.

Apple CarPlay, Android Auto, Alexa Auto au front

Le monde de l’automobile va-t-il ressembler à celui des smartphones ? C’est une comparaison qui revient de plus en plus dans la bouche des régulateurs de tout poil. Lors de la plainte des procureurs généraux des États américains contre Google, fin 2020, Herbert Slatery, représentant du Tennessee avait déclaré « Lorsque les smartphones ont décollé, Google s’est assuré de contrôler la recherche sur l’iPhone d’Apple. Ils font la même chose sur la voix et les voitures connectées. C’est un scénario similaire ».

L’industrie automobile souffre d’un retard technologique structurel à cause du laps de temps nécessaire pour le développement d’un véhicule, de trois à cinq ans. Pour compenser cette situation, beaucoup de constructeurs se sont reposés sur la connexion des smartphones aux haut-parleurs de la voiture pour assurer divers services.

En 2014 Apple a lancé CarPlay, Google a lancé Android Auto l’année suivante, pour permettre aux automobilistes d’appeler, écouter de la musique ou autres activités de divertissement dans un véhicule. Amazon, de son côté, souhaite rendre autonome Alexa Auto de CarPlay ou Android Auto. Le système a été adopté comme assistant vocal par BMW et General Motors depuis 2018, plus tard avec Audi, Jeep et Land Rover.

Les constructeurs, initialement sceptiques à l’idée d’intégrer plus directement les systèmes de Google, Apple, ont fini par s’y intéresser de plus près.

Google, une longueur d’avance ?

En février 2021 Google et Ford ont signé un partenariat de six ans, selon lequel, à partir de 2023, tous les véhicules de l’entreprise seront livrés avec Google Maps, Google Assistant et Play Store pré-installé.

Le géant de la Tech propose aux constructeurs d’utiliser son système d’exploitation Android. L’organisation de normalisation du secteur, Connected Véhicles Systems Alliance, a déjà élaboré des critères de références pour intégrer Android aux voitures. Stellantis (Chrysler, Jeep et d’autres) s’est tourné vers cette option : mêler Android à Alexa et Tomtom pour la navigation.

Pour fournir Maps ou l’assistance vocale un partenariat intitulé Google Automotive Services est proposé. Honda, Volvo et l’alliance Renault-Nissan Mitsubishi ont choisi cette voie. Cette stratégie, le choix entre Android et Android plus des services Google exclusifs a déjà été adoptée pour les smartphones. Elle a valu à l’entreprise une amende de 4,34 milliards d’euros en Union européenne, en 2018.

Smartphone et automobile vraiment même combat ? Vraiment ?

Pour Google la comparaison entre Smartphone et automobile n’est pas valable. Selon un porte-parole de l’entreprise cité par Politico, « Le système d’exploitation automobile Android est une plateforme ouverte qui peut être personnalisée, et les fabricants comme les utilisateurs ont le choix de télécharger et d’installer une grande variété d’applications tierces ». L’entreprise ajoute que le marché de la voiture connectée est aujourd’hui très concurrentiel.

Eric Gundersen, ancien PDG de Mapbox, l’un des rares concurrents à Google Maps, a déclaré au Congrès que les contrats de Google avaient un impact sur l’adoption d’alternative. Il explique que l’important dans cette compétition est la capacité du géant à récupérer des données. Elles sont utilisées pour alimenter des Intelligences artificielles et gagner en performances. Comme souvent, les données sont le nerf de la guerre.

La vitesse de réaction des législateurs sera déterminante au vu du marché concerné. Les voitures sont des achats à long terme : enfermer un utilisateur dans un seul système est d’autant plus aisé pour les grandes entreprises. Tout l’enjeu pour les autorités de régulation est désormais d’agir rapidement, avant que les monopoles ne s’installent réellement.