Vendredi 24 décembre, un tribunal russe a condamné Google à payer une amende de 87 millions d’euros (8% du chiffre d’affaires du géant américain en Russie) pour avoir refusé de supprimer des contenus « illicites ». Comme la Chine, la Russie veut reprendre la main sur les grandes entreprises technologiques, ainsi que sur le contenu publié sur leurs plateformes.

La Russie veut faire plier Google

Un porte-parole de Google a déclaré que les équipes juridiques de l’entreprise vont « étudier les documents lorsqu’ils seront disponibles et qu’elles décideront ensuite des prochaines étapes ». Un haut responsable du gouvernement russe a menacé le géant américain de prendre des mesures encore plus désagréables si Google ne se conforme pas aux règles russes qui l’obligent à supprimer les contenus qui font « la promotion de la drogue, qui mettent en avant des contenus pornographiques, terroristes, y compris les contenus associées au leader de l’opposition Alexei Navalny ».

Ce n’est pas la première amende infligée à Google en Russie pour des questions de modération de contenu. Récemment, d’autres géants technologiques américains ont dû faire face à des ralentissements de leurs services et à des amendes en raison de leur « incapacité à modérer leurs activités conformément aux normes des régulateurs russes ». C’est le cas de Facebook et Twitter. En avril 2021, le régulateur des communications de l’État russe, le Roskomnadzor, a même menacé de bloquer totalement Twitter. Finalement, les autorités préfèrent ralentir le réseau social pour décourager les utilisateurs.

L’Internet souverain en trame de fond

Cette série de mesures contre les géants technologiques américains sont un moyen de faire pression pour qu’ils se conforment aux directives de Moscou. C’est une politique de fond exercée par la Russie depuis au moins trois ans. En 2019, le pays a adopté une loi selon laquelle les smartphones, les ordinateurs et les téléviseurs doivent être livrés avec des logiciels russes pré-installés. Les entreprises doivent également ouvrir des bureaux en Russie si elles gèrent des sites web ayant plus de 500 000 visiteurs quotidiens en provenance du pays.

Récemment, Google et Apple ont été sommés de retirer de leurs magasins d’applications les apps des opposants politiques. Des menaces ont même été formulées à l’encontre des employés locaux des deux sociétés. Les autorités russes développent un système très controversé d’« Internet souverain », qui donnera à terme la possibilité d’isoler le web russe en le séparant des grands serveurs mondiaux… Derrière ce projet, l’idée est de pouvoir contrôler les potentiels soulèvements civils. Aussi, si la Russie était coupée de l’Internet mondial, une version locale pourrait continuer de fonctionner.