Selon plusieurs experts en aéronautique, le lancement de la Bande C, indispensable pour le déploiement de la 5G, pourrait provoquer des interférences dangereuses avec les systèmes d’aviation. L’industrie aérienne américaine et les géants des télécommunications n’arrivent pas à trouver de terrain d’entente.

La 5G pourrait perturber jusqu’à 350 000 vols selon l’A4A

Airlines for America, un groupe de lobbying pour l’aviation américaine, affirme que les interférences liées à la 5G pourraient perturber jusqu’à 350 000 vols par an. De manière générale, l’industrie aérienne américaine estime que cette nouvelle Bande C est dangereuse pour les systèmes d’aviation. Si l’on n’y remédie pas, la 5G pourrait « entraîner des retards désastreux, des annulations de vols, voire pire. Des avions pourraient même s’écraser », lancent les experts de l’industrie aéronautique.

Certaines grandes compagnies font partie des militants anti-5G. C’est le cas du CEO de Southwest, Gary Kelly, qui a déclaré la semaine dernière que ce problème était sa « préoccupation numéro un à court terme ». Les avions ne sont pas les seuls à être concernés par ce phénomène : des systèmes de cockpit similaires sont également utilisés dans certains hélicoptères, notamment pour des vols d’urgence. « Cela pourrait affecter 40 à 50 000 personnes transportées chaque année dans des situations d’urgence », selon l’Helicopter Association International.

Les systèmes d’aviation automatisés pourraient être perturbés par la Bande C

Aux États-Unis, AT&T et Verizon ont déjà accepté d’interrompre temporairement le déploiement de leurs nouvelles fréquences de bande C. Les deux géants des télécommunications ont prévu de reprendre le 5 janvier. La FAA (Federal Aviation Administration) pourrait entrer dans la danse pour jouer le gendarme. L’agence gouvernementale a prévenu que des « interférences suffisamment importantes pour mettre fin à l’utilisation des systèmes de cockpit automatisés pourraient entraîner des annulations, des retards ou des déroutements de vols dans 46 des plus grandes zones métropolitaines des États-Unis ».

La Bande C offre la promesse d’une 5G encore plus puissante. C’est en outre le seul moyen d’exploiter le plein potentiel de cette technologie. Aux États-Unis, ce type de spectre est autorisé entre 3,7 et 3,98 GHz, tandis que le spectre des systèmes d’aviation fonctionne entre 4,2 et 4,4 GHz. En théorie, les deux systèmes devraient pouvoir coexister, mais les défenseurs des intérêts de l’industrie aéronautique préviennent que « ce n’est pas si simple ».

Le risque est que des signaux de la Bande C n’interfèrent avec les radioaltimètres de certains systèmes de cockpit automatisés couramment utilisés pour atterrir par mauvais temps et pour éviter les collisions frontales avec d’autres avions… À cause de la Bande C, ces systèmes pourraient ne plus être en mesure de filtrer correctement les signaux. Tom Wheeler, ancien président de la Federal Communications Commission, a même décrit ces effets comme étant des « émissions parasites pour les systèmes de navigation ».