Quand il s’agit de renouveler leur smartphone, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le reconditionné. Une prise de conscience environnementale encore entravée par quelques freins à l’achat, qu’il faut dépasser en misant sur la capacité à collecter, remettre en état et redistribuer au niveau national.

Et si pour Noël, on offrait du reconditionné ? Conséquence d’un désir croissant de consommer mieux et plus responsable, la tendance se confirme chez les Français, de plus en plus nombreux à se soucier de l’impact environnemental du numérique. Signe de cette prise de conscience, le marché du téléphone d’occasion a ainsi dépassé le milliard d’euros en 2020, dont 700 millions pour le reconditionné – un chiffre en hausse de +25% sur un an. Plus d’un Français sur trois (34%) a déjà acheté un smartphone de seconde main, et 14% d’entre eux disent envisager de se laisser convaincre lors de leur prochain achat.

Des smartphones nécessaires, mais polluants

Véritables totems de nos sociétés digitales, nos chers smartphones sont désormais omniprésents dans notre quotidien : fin 2020, plus de huit Français sur dix (84%) en possédaient au moins un, selon le dernier Baromètre du numérique. Un succès qui a son revers : grands émetteurs d’émissions de gaz à effet de serre (GES), les smartphones représentaient en 2019 11% de l’empreinte globale du secteur du numérique, d’après un rapport consacré au sujet par le Sénat. Nécessaires, mais polluants, les smartphones sont surtout des biens trop souvent éphémères, 84% de leurs possesseurs déclarant les détenir depuis moins de trois ans.

Problème : acheter un téléphone flambant neuf et en changer souvent est encore la norme. Des habitudes qui ont la vie dure et qui s’inscrivent, surtout, en contradiction avec la nécessaire lutte contre le changement climatique. Inscrire le numérique dans une logique de durabilité implique donc d’encourager, d’une part, les consommateurs à recycler leurs anciens équipements – réflexe que trop peu d’entre nous adoptons, 53% des Français conservant encore leurs vieux mobiles au fond de leurs tiroirs – et, d’autre part, à opter pour des produits reconditionnés.

La pénurie de composants électroniques qui frappe les entreprises nous invite, elle aussi, à changer notre regard sur le reconditionné, qui apparaît plus que jamais comme un modèle d’avenir en termes d’approvisionnement.

Miser sur le national pour développer la confiance

Ce virage ne pourra pleinement être entamé que si certains freins persistants sont levés. Si le prix et les considérations environnementales jouent en faveur du reconditionné, le manque de visibilité sur la durée de vie du produit, ainsi que la méfiance vis-à-vis des vendeurs, demeurent des obstacles importants. Seul un réel effort de transparence, tout au long du processus, permettra de lever ces derniers freins et de créer la confiance nécessaire au plein développement du reconditionné. Et parce que la qualité du produit est vitale pour des clients qui n’hésitent pas à comparer les offres neuves et de seconde main, la question de l’approvisionnement sera la clé du succès du high-tech reconditionné.

La qualité ne se décrète pas davantage que la confiance. Pour assurer cette offre qualitative, jouer la carte du national et du circuit court apparaît comme un gage de succès : il est possible de collecter les appareils, de les remettre en état de marche et de les redistribuer sans céder aux sirènes de la délocalisation. L’intérêt est multiple : cette carte patriotique garantit certes la qualité et la confiance des consommateurs, mais elle permet aussi de limiter les émissions de gaz à effet de serre inhérentes aux transports longue distance, tout en libérant nos entreprises de leur dépendance aux marchés américain et asiatique, en matière de pièces détachées.

Ce volontarisme permettra une véritable démocratisation du reconditionné auprès des consommateurs encore récalcitrants, en tirant l’ensemble du secteur du numérique vers une soutenabilité à long terme. Si l’ensemble de ces efforts sont engagés, le marché du reconditionnement peut même réussir à s’imposer comme la locomotive de la relance verte, en entraînant derrière lui de nombreuses créations d’emplois.