Souvent considéré comme le Facebook russe, VKontakte vient officiellement de perdre son indépendance. Créé en 2006 par Pavel Dourov, également créateur de Telegram, le réseau social va devenir la propriété du géant gazier Gazprom, une entreprise elle-même détenue par le Kremlin.

Pourquoi VKontakte risque-t-il de devenir un instrument d’influence ?

Avec ses 100 millions d’utilisateurs, VKontakte était devenue une plateforme très puissante en Europe de l’Est. Le 2 décembre 2021, le réseau social a perdu le peu de liberté qui lui restait… Il appartient désormais au Kremlin qui peut contrôler la majeure partie de ses décisions. Pour parvenir à ce tour de force, le gouvernement russe a utilisé les sociétés Sogaz, Gazprom et Gazprombank. En effet, la liquidation de la part du milliardaire russe Alisher Ousmanov, a complètement changé le centre de gravité du groupe.

Une transaction qui n’a pas une grande valeur économique : les filiales de Gazprom ne recevront que 5% des bénéfices de VKontakte. L’idée derrière cette opération est plutôt d’en faire un instrument d’influence. Le groupe Gazprom-Media, filiale média et communication du géant énergétique détenu par le gouvernement russe, détient 38 télévisions et 10 radios. Avec VKontakte, le Kremlin ajoute une corde à son arc. Notons que ce réseau social est aussi très apprécié des extrémistes occidentaux, notamment des néo-nazis d’Europe de l’Ouest, qui se détournent des plateformes traditionnelles.

Les agents du FSB ont infiltré le média web

Pavel Dourov aura pourtant tout tenté pour conserver l’indépendance de son groupe. En 2011, VKontakte publiait déjà une lettre ouverte intitulée « VKontakte restera indépendant » dans l’objectif de rassurer ses utilisateurs. À l’époque, plusieurs actionnaires favorables aux demandes du Kremlin avaient fait leur entrée au sein du conseil d’administration du réseau social. Un an après, les services de renseignement du pays demandaient aux équipes de VKontakte de bloquer les comptes d’Alexeï Navalny…

En 2014, Pavel Dourov avait été poussé vers la sortie par les actionnaires du groupe. Il avait tenté de dénoncer publiquement les demandes des services secrets russes qui cherchaient à récolter des données sur les dirigeants du mouvement ukrainien Euromaidan. Après un long processus, le Kremlin aura finalement réussi à mettre la main sur ce réseau social si important dans cette région du monde. Aujourd’hui, le site a littéralement été infiltré par les agents du FSB, œuvrant pour le Kremlin.