La Commission de protection des données irlandaise (DPC) a annoncé l’envoi aux différents régulateurs européens d’un texte contenant une décision suite à ses enquêtes à propos d’Instagram. Il est notamment reproché au réseau social son traitement des données personnelles des mineurs.

La DPC a en effet lancé une enquête sur la plateforme après avoir appris qu’il était possible pour ses utilisateurs mineurs de changer leurs comptes personnels en comptes professionnels, pourtant réservés aux adultes. Or, il est nécessaire de rendre ses coordonnées publiques pour avoir accès à ce type de compte : les données de millions de mineurs seraient ainsi visibles de tous, ce qui irait à l’encontre du RGPD européen qui fixe des règles très strictes quant aux informations personnelles des plus jeunes. Le régulateur irlandais s’intéresse en outre à la manière dont Instagram traite les données des enfants :

« En tant qu’autorité de surveillance principale de Facebook/Instagram, nous avons ouvert cette enquête en septembre 2020. Elle a été entamée en réponse aux informations fournies à la DPC par un tiers, et également en lien avec les problèmes identifiés par le DPC suite à l’examen du processus d’enregistrement des utilisateurs d’Instagram. La semaine dernière, nous avons soumis notre projet de décision à nos collègues pour qu’ils donnent leur avis sur celui-ci ».

En sollicitant les autres agences européennes, la DPC suit le protocole en place pour les cas de violation du RGPD. C’est exactement ce qui s’est récemment passé pour Twitter et WhatsApp. Tandis que le premier a écopé d’une amende de 450 000 euros, le second s’est vu infliger une sanction plus élevée de 225 millions d’euros. En revanche, si les agences ont un mois pour répondre à la DPC, il faut savoir que le processus peut s’étendre sur plusieurs mois, certains régulateurs émettant des objections ou des changements au texte ; il est donc possible que le résultat final de l’enquête sur Instagram soit connu à la mi-2022.

Un graffiti de like Instagram.

Une étude interne a prouvé qu’Instagram était néfaste pour les adolescents. Photographie : Karsten Winegeart / Unsplash

Le Vieux Continent n’est pas le seul endroit où la manière de faire d’Instagram, particulièrement par rapport aux jeunes, est pointée du doigt. Outre-Atlantique, les autorités ont la plateforme dans le viseur depuis les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui a notamment affirmé que Meta (anciennement Facebook) était au courant des effets néfastes d’Instagram sur les adolescents sans agir pour solutionner le problème. En conséquence, la firme a suspendu le développement d’un Instagram spécialement dédié au moins de treize ans. Par ailleurs, le réseau social vient d’annoncer plusieurs nouveautés afin de renforcer la sécurité de ses jeunes utilisateurs.

Si ces annonces tombent à point nommé, il n’est pas sûr qu’elles calment les véhémences des législateurs à l’encontre de Meta. Pour rappel, 82 % des 16-25 ans utilisent Instagram en France.