Euclidia est une association qui fédère 26 acteurs européens spécialisés dans le domaine du cloud. Le 7 décembre 2021, l’alliance a pris la parole dans un billet de blog pour demander aux États membres de l’Union européenne de « revoir leurs stratégies cloud nationales pour aller vers une harmonisation des pratiques ».

Une fragmentation des États membres qui remet en cause la souveraineté numérique européenne

Avec ce coup d’éclat, l’association aimerait instaurer un dialogue cohérent et constructif avec les entreprises européennes pour identifier les facteurs clés en jeu. L’objectif est le suivant : renforcer l’autonomie technologique de l’Europe dans le domaine du cloud. L’association reproche notamment le trop grand nombre de restrictions nationales et la fragmentation. Deux éléments qui peuvent « remettre en cause la souveraineté numérique européenne », un sujet qui tient pourtant à cœur aux autorités européennes.

« Nous avons besoin que les gouvernements européens prennent le temps nécessaire pour évaluer l’impact des règlements en vigueur sur l’industrie européenne du cloud », souligne Philipp Reisner, co-président par intérim d’Euclidia et CEO de Linbit. L’association appelle donc à un moratoire sur les stratégies nationales pour le cloud, qui « reposent actuellement sur des définitions et des qualifications nationales fragmentées ». Dans sa déclaration, Euclidia ajoute que « les qualifications en matière de cybersécurité ne devraient être exigées que lorsqu’elles ne créent pas d’obstacles injustifiés aux solutions innovantes ».

La stratégie cloud française dans le viseur d’Euclidia

Bien qu’elle ne soit pas directement citée, la stratégie nationale française, « Cloud au centre », présentée par Bruno Le Maire en mai 2021, est directement visée. En effet, quand l’association dit qu’elle regrette que « certains gouvernements nationaux n’aient pas attendu une évaluation des risques et aient même fait des déclarations publiques affirmant que l’octroi de licences de logiciels non européens serait compatible avec leur stratégie nationale de cloud computing », c’est bien la France qui est concernée.

En effet, dans son plan, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance précise que des licences d’entreprises américaines seront autorisées dans le cadre du label « Cloud de confiance ». À l’époque, Guillaume Champeau, directeur éthique et Affaires juridiques de Qwant, estimait déjà que « vouloir encourager le licensign des techno US par les acteurs UE c’est encourager durablement la dépendance à des technos qu’on ne maîtrise pas ».

Concrètement, cette stratégie permet aux entreprises américaines de proposer leurs services à des entreprises françaises. Selon Euclidia, cela représente une contradiction majeure dans la volonté de l’Union européenne d’asseoir la souveraineté numérique des États membres. « Des changements dans ces stratégies seront nécessaires pour s’assurer qu’elles accélèrent l’adoption et le développement des nombreuses technologies cloud qui ont déjà été créées en Europe », pour Philipp Reisner.