Un recours collectif est lancé contre OVHcloud, rapporte Le Journal du Net. 20 entreprises se sont regroupées depuis le lancement de cette procédure en novembre, à la suite de l’incendie de l’un des centres de données d’OVH, à Strasbourg, quelques mois plus tôt. L’identité précise des requérants reste inconnue, mais l’avocat chargé de l’affaire est Jocelyn Ziegler, du cabinet Ziegler & Associés, situé à Paris.

OVHcloud ne propose pas assez de dommages et intérêts

Selon Le Journal du Net, parmi les 20 entreprises impliquées dans ce recours collectif se trouvent « deux grandes entreprises, six PME et deux TPE. Des sociétés qui se répartissent dans plusieurs secteurs, comptabilité, immobilier, marketing, médical et touristique ».

Jocelyn Ziegler et son cabinet d’avocat ont commencé à chiffrer les pertes dues à l’incendie, afin d’établir ce qu’OVH devrait, selon eux, verser comme dommages et intérêts. « Pour le plus petit client de ce recours, la perte représente 10 000 euros, alors qu’OVHcloud offre à peine l’équivalent de 900 euros en proposant son cloud sans frais pendant quelques mois », explique l’avocat au JDN. Pour lui, un dédommagement serait également une façon pour l’entreprise de reconnaître, même indirectement, sa responsabilité.

Concrètement, le cabinet va analyser et calculer précisément les pertes subies par chaque société, pendant plusieurs jours. Pour ce faire, plusieurs critères sont pris en compte, comme le comparatif du chiffre d’affaires mensuel avant et après l’incendie, le nombre de clients perdus, le recours à un autre hébergeur ou encore les éventuels coûts pour la récupération des données.

S’ensuivra l’envoi des estimations à OVHcloud d’ici mars 2022, avant une phase de discussion entre le spécialiste du cloud et les plaignants, le but étant de trouver un accord à l’amiable. Toutefois, OVH peut invoquer le cas de force majeure pour se dédouaner et éviter le paiement de dommages et intérêts. « L’incendie n’est pas un cas de force majeure », estime Jocelyn Ziegler. « L’événement était prévisible compte tenu de la conception du site […] Il aurait même pu être évité ou amoindri », ajoute-t-il.

En cas d’échec des négociations, l’affaire ira jusqu’au tribunal de commerce.

Des pertes de données importantes pour les entreprises

Beaucoup ont perdu des données essentielles à leurs activités, ce qui correspond à un manque à gagner réel, d’autant plus qu’il a fallu, pour certains, trouver une solution d’hébergement cloud dans l’urgence. Certaines structures ont perdu des données liées à la facturation, mais d’autres y ont laissé bien plus. L’avocat donne deux exemples, « dans le domaine de la santé, il s’agit de données médicales de patients, notamment atteints de cancer », alors qu’une entreprise dans le secteur du tourisme a vu partir en fumée l’ensemble des « détails des réservations de ses clients […] : dates, types de logement réservé, etc. ». Des données vitales pour les professionnels donc, mais aussi pour les clients et patients.

Cette action collective doit permettre aux victimes d’intenter une action contre OVH tout en réduisant les frais de justice. Cette affaire ne devrait pas affecter significativement l’entreprise française qui reste sur une bonne dynamique. Elle a dévoilé en novembre des résultats positifs pour le troisième trimestre 2021, et est entrée à la bourse de Paris le 15 octobre, malgré l’incendie. Le contexte lui est également favorable, avec une Union européenne, et surtout un État français, à la recherche de champions du cloud pour des raisons de souveraineté numérique.