Les monnaies numériques coûtent cher au Kazakhstan. L’activité des mineurs de cryptomonnaies présents dans le pays entraîne une pénurie générale d’électricité, explique le Financial Times. Le réseau est surchargé, principalement en raison d’un afflux extrême de mineurs. Un phénomène apparu depuis que la Chine a banni le minage de son territoire. Le Kazakhstan est aujourd’hui le deuxième pays au monde avec le plus grand nombre de fermes de minage.

Les mineurs se ruent au Kazakhstan… À cause de la Chine

Le Kazakhstan connaît une série de pannes d’électricité, à cause de la trop grande consommation des mineurs de cybermonnaie. Très énergivore, le minage a entraîné une surcharge des réseaux. Habituellement, le pays connaît une augmentation de la consommation de l’ordre de 3% chaque année, mais avec l’arrivée d’un grand nombre de mineurs, l’augmentation est déjà de 8% en 2021, d’après le Financial Times.

Le média affirme également que pas moins de 87 849 fermes se sont implantées au Kazakhstan, l’immense majorité venant de Chine. Pékin interdit depuis plusieurs mois aux institutions financières de proposer des services liés aux cryptomonnaies. L’impact écologique du minage et l’utilisation présumée des monnaies virtuelles par des organisations criminelles en sont la cause.

Bien que le minage ne soit pas formellement interdit, les diverses mesures déjà prises ont poussé les fermes à quitter la Chine pour un autre pays : le Kazakhstan. Le pays voisin de la Chine est ainsi passé, en quelques mois seulement, à la deuxième place des pays hébergeant le plus d’extracteurs de cryptomonnaies, derrière les États-Unis, selon l’Université de Cambridge.

Les conséquences de cet afflux sont nombreuses. En octobre, les trois plus importantes centrales à charbon ont dû être fermées en urgence. Le sud du Kazakhstan, la partie la plus pauvre du pays en termes de couverture énergétique, est aussi le plus affecté par la pénurie.

Le fléau des mineurs gris

Toutefois, tous les mineurs ne sont pas responsables de ces pannes en série. Il en existe deux catégories : les mineurs officiels, enregistrés par le gouvernement, et les mineurs gris, qui ne sont pas enregistrés, illégaux. Toujours d’après le Financial Times, le gouvernement a attribué cette pénurie à une augmentation du nombre de mineurs gris. Leur consommation d’électricité est estimée à 1200 MW.

Le pouvoir kazakh a décidé de durcir le ton. Il s’apprête à prendre plusieurs mesures. Pour diminuer le nombre de pannes, la KEGOC (société d’exploitation du réseau électrique du Kazakhstan), a annoncé le futur rationnement de l’électricité pour 50 mineurs officiels. Dès 2022, les mineurs agréés devront payer une taxe de 1 tenge kazakh (0,0020 euro) par kWh à l’État. Cela doit permettre de les différencier de ceux qui travaillent dans l’illégalité, mais aussi apporter une manne financière supplémentaire pour investir dans le réseau électrique pour répondre à la crise actuelle.

En attendant, le pays compte sur Inter RAO, une société énergétique russe, avec qui elle vient de conclure un accord, pour fournir assez de puissance au réseau pour passer l’hiver.

La surconsommation énergétique des cryptomonnaies

Cette crise énergétique touche aussi bien les habitants que les mineurs eux-mêmes. Xive, une société de minage de cryptomonnaie située au Kazakhstan, s’est vue dans l’obligation de fermer près de 2 500 machines.

Ces problèmes liés à l’exploitation des monnaies virtuelles touchent aussi d’autres pays. L’Iran a été contraint d’interdire le minage de cryptomonnaies pendant quatre mois cette année pour éviter des pannes d’électricité. Le Texas, qui a connu une série de pannes l’hiver dernier, est lui aussi devenu un eldorado pour les mineurs, avec des prix bas et une réglementation souple. La consommation devrait rapidement y atteindre les 5 000 MW, laissant craindre de nouvelles coupures d’électricité.

Il faut dire que le minage est une activité lucrative, et ce n’est pas près de s’arrêter, puisque les cryptomonnaies ont le vent en poupe. Cependant, plusieurs pays envisagent l’interdiction des activités liées à ces monnaies numériques. Le plus souvent, c’est la surconsommation énergétique du minage qui est mise en cause, comme en Suède, où des institutions ont demandé à l’Union européenne de bannir le minage.

Face à cette consommation qui pose de plus en plus problème, surtout à l’ère du dérèglement climatique et des questionnements sur la pollution du numérique, des solutions apparaissent. Des projets de fermes de minage alimentées par des panneaux photovoltaïques sont à l’étude, notamment du côté de Square, l’entreprise de Jack Dorsey, ex-PDG de Twitter.