La crise des semi-conducteurs fait réagir les grandes puissances sur leurs capacités de production. L’Union européenne entend bien mettre en place une stratégie pour réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et de l’Asie. Pourtant, Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, préfère tempérer les attentes sur le sujet. Selon elle, l’Europe ne pourra jamais être totalement indépendante dans le domaine des semi-conducteurs.
Il faudrait 150 milliards d’euros à l’Europe pour être indépendante dans les semi-conducteurs
Le Vieux continent aimerait atteindre 20% de parts de marché d’ici 2030 (contre 40% en 1990) dans la production de semi-conducteurs. L’Union européenne est à la traîne dans le domaine et la crise que nous traversons depuis bientôt deux ans a révélé certaines faiblesses.
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L’Europe ne pèse aujourd’hui que 9% de parts de marché en volume. Aujourd’hui, notre plus grand point faible est de ne disposer d’aucune usine de pointe, contrairement à l’Asie ou aux États-Unis… Cette crise met à mal plusieurs industries et montre la nécessité pour l’Europe, d’opérer une réindustrialisation.
Cependant, le retard accumulé pourrait bien nous coûter très cher. Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, « l’Europe ne pourra jamais se passer totalement des puissances étrangères pour la fabrication de puces électroniques ». Elle estime que pour rattraper notre retard sur les autres grandes puissances, il faudrait consacrer 150 milliards d’euros sur 5 ans.
Un investissement beaucoup trop important pour lequel elle n’est pas favorable. Elle plaide à la place pour le « maintien des relations avec les acteurs extérieurs actuels, avec tout de même une plus grande régulation et une amélioration de la capacité de production européenne ».
Margrethe Vestager plaide pour un modèle hybride
De tels investissements rendent effectivement le projet très compliqué. L’idée serait donc plutôt de conserver des liens étroits avec certains producteurs étrangers, tout en augmentant nos capacités de production. Les premières pierres de cette stratégie ont déjà été posées.
L’allemand Bosch a récemment annoncé un plan de 400 millions d’euros pour renforcer ses capacités de production de semi-conducteurs. Un investissement qui doit permettre d’étendre les activités des usines de fabrication de puces de Dresde et de Reutlingen, en Allemagne, et de l’usine de composants semi-conducteurs de Penang, en Malaisie.
Avec cette feuille de route, l’Europe espère aussi être plus libre d’un point de vue géopolitique. Le Vieux continent veut asseoir sa souveraineté grâce à l’European Chips Act (ECA). Selon Thierry Breton, ce plan vise à « soutenir les investissements, notamment de rupture, et plus largement l’ensemble du secteur, en assouplissant les règles de concurrence relatives aux aides d’État ». En contrepartie les producteurs européens doivent être choisis en priorité.