La NASA prépare l’après ISS et vient d’accorder des contrats pour un montant total de 415,6 millions de dollars à trois entreprises différentes afin qu’elles développent leur propre station spatiale privée.

Prendre la relève de l’ISS

En orbite depuis 1998, la Station Spatiale Internationale (ISS) devrait prendre sa retraite à la fin de la décennie. Si la NASA ne veut pas la remplacer par ses propres moyens, notamment car elle ambitionne de se concentrer sur les longs vols habités jusqu’à la Lune et Mars, elle souhaite garder un endroit en orbite basse où mener des expériences scientifiques et où envoyer des astronautes.

Ainsi, l’Agence américaine a reçu les propositions de onze entreprises différentes pour développer des conceptions de stations spatiales et d’autres destinations commerciales dans l’espace. Trois d’entre elles ont été choisies avec l’objectif de « permettre une économie commerciale robuste, dirigée par les Américains, en orbite terrestre basse », déclare la NASA dans un communiqué.

Blue Origin

L’entreprise de Jeff Bezos a présenté sa future station spatiale baptisée Orbital Reef au mois d’octobre dernier. Elle vient désormais d’obtenir un contrat de 130 millions de dollars de la part de la NASA, alors que les deux entités étaient jusqu’alors en conflit par rapport au choix de l’alunisseur du programme Artemis.

Présentée comme un « parc d’affaires à usage mixte », Orbital Reef devrait aussi bien accueillir des astronautes que des chercheurs, des touristes et des hommes d’affaires. Blue Origin promet que l’architecture de sa station sera « centrée sur l’Homme avec des services et des équipements de classe mondiale qui seront inspirants, pratiques et sûrs ».

Des firmes comme Boeing, Sierra Space ou encore Redwire Space participeront au projet, et Orbital Reef devrait être lancée en 2027.

La station Orbital Reef de Blue Origin.

Orbital Reef devrait arriver en orbite en 2027. Image : Orbital Reef

Nanorocks

La seconde entreprise sélectionnée par la NASA est Nanorocks avec un contrat de 160 millions de dollars. Sa station, réalisée en collaboration avec Lockheed Martin et Voyager Space, s’appelle Starlab et devrait également être mise en orbite en 2027. Elle est pensée pour accueillir quatre astronautes avec un volume similaire à celui de l’ISS.

« Starlab accueillera le parc scientifique George Washington Carver, qui comprendra quatre grands départements opérationnels – un laboratoire de biologie, un laboratoire d’habitation des plantes, un laboratoire de recherche sur les sciences physiques et les matériaux, et une zone ouverte d’ateliers de travail – afin de répondre aux besoins des chercheurs et des clients commerciaux pour les activités spatiales commerciales. La station sera construite dans une optique de croissance flexible, avec des interfaces internes et externes au vaisseau spatial pour permettre à Nanoracks d’étendre l’architecture au fur et à mesure de l’identification de nouvelles sources de demande et de l’émergence de nouveaux marchés », explique la NASA.

La station Starlab de Nanorocks.

Starlab sera principalement dédiée à la recherche scientifique. Image : Nanoracks / Lockheed Martin / Voyager Space

Northrop Grumman

La dernière entreprise sélectionnée est le géant du secteur Northrop Grumman, elle a obtenu un contrat de 125,6 millions de dollars. Cette station sera également modulable et l’ajout de nouveaux éléments sera possible : « Les ports d’amarrage multiples permettront une expansion future pour accueillir des habitats analogues à ceux de l’équipage, des laboratoires, des sas pour l’équipage et des installations capables d’utiliser la gravité artificielle à l’intention de plusieurs clients », écrit la NASA.

Elle pourra être exploitée par les acteurs de différents secteurs, à savoir de la science, du tourisme et de l’expérimentation industrielle. Pour l’heure, Dynetics est la seule entreprise partenaire du projet annoncée par Northrop Grumman.

La station de Northrop Grumman.

La station de Northrop Grumman est celle qui ressemble le plus à l’ISS. Image : Northrop Grumman

Deux phases pour effectuer la transition

Il faut par ailleurs noter que cette sélection ne comporte pas l’entreprise Axiom Space, qui a d’ores et déjà établi un partenariat avec la NASA pour ajouter deux modules à l’ISS et, à terme, les exploiter pour qu’ils deviennent une station spatiale à part entière.

L’Agence spatiale américaine explique que son approche pour mener à bien la transition vers des stations commerciales se fera en deux phases. « S’il n’y a pas de destination commerciale habitable en orbite terrestre basse après la mise hors service de l’ISS, la NASA ne pourra pas mener les recherches sur la santé en microgravité et les démonstrations technologiques nécessaires aux missions d’exploration humaine de longue durée vers la Lune et Mars, ce qui augmentera considérablement le risque ou retardera ces missions », explique-t-elle.

Ainsi, la première s’étendra jusqu’à 2025 et sera dédiée à la conception des stations spatiales. Après cette date, « l’agence a l’intention de certifier l’utilisation par les membres d’équipage de la NASA de ces destinations commerciales en orbite terrestre basse de ces fournisseurs, et d’autres fournisseurs potentiels, et, à terme, d’acheter des services aux fournisseurs de destinations pour que l’équipage les utilisent lorsqu’ils seront disponibles ».

Avec cette annonce, le futur de l’orbite basse se dessine : plusieurs stations spatiales privées s’y trouveront, avec des visiteurs issus de divers secteurs pouvant y séjourner en louant les modules pour des sommes qui ne sont pas encore définies.