Alibaba a annoncé le remplacement de son directeur financier, ainsi que la réorganisation de ses services de commerce international et national. Il s’agit de l’un des plus grands remaniements depuis la création de l’entreprise, le plus important depuis le départ de Jack Ma. Ces changements interviennent au beau milieu d’une période où Pékin cherche à imposer un cadre très restrictif aux grandes entreprises technologiques chinoises, pour limiter leur monopole.

Un nouveau directeur financier

La première annonce du géant chinois, effectuée dimanche 5 décembre, est donc le départ, et le remplacement, de sa directrice financière, Maggie Wu. Après environ 15 ans dans l’entreprise, elle sera remplacée le 1er avril 2022 par Toby Xu, arrivée il y a 3 ans en tant que directeur financier adjoint. Maggie Wu continuera d’intervenir auprès d’Alibaba Partnership, un groupe chargé de se prononcer sur les orientations majeures de la société. Elle sera également directrice exécutive du conseil d’administration.

Il faut dire qu’il est difficile pour le groupe dirigé par Daniel Zhang de se passer d’une personne qui a tant apporté. Maggie Wu est notamment à l’origine de trois introductions en Bourse, « Maggie a aidé à diriger trois sociétés cotées en Bourse avec succès en tant que directrice financière : Alibaba.com à la Bourse de Hong Kong en 2007, et Alibaba Group Holding à la Bourse de New York en 2014 et à la Bourse de Hong Kong », indique un communiqué.

Bien que moins ancien, Toby Xu est tout de même à la genèse de plusieurs gros deals, comme le partenariat avec Starbucks en 2020, pour la précommande de boissons en ligne. Le changement de directeur financier n’est pas la seule annonce importante, puisqu’une restructuration de ses services de commerce digital international et national a été annoncée.

Alibaba lance deux nouvelles unités commerciales

Cette réorganisation majeure, officialisée ce lundi 6 décembre par un article sur Alizila, consiste à créer deux nouvelles unités. L’objectif pour le groupe est d’accélérer sa croissance, qui a connu cette année un ralentissement inédit depuis 2014. Jiang Fan, chargé des marchés de détail chinois depuis plusieurs années, dirigera désormais l’unité du commerce numérique international (International Digital Commerce). Elle comprend entre autres AliExpress, bien connu pour la vente au détail en Europe, mais aussi Lazada, acquise en 2016, et Alibaba.com.

L’autre nouveau bloc est l’unité du commerce digital chinois (China Digital Commerce). Il englobe les deux principaux marchés d’Alibaba au pays de Xi Jinping : Tmall et Taobao. À sa tête se trouvera Trudy Dai, qui a travaillé sur bon nombre de plateformes et de services de la multinationale chinoise, comme Taobao Deals. Elle est ainsi chargée de l’ensemble des marchés de détail en Chine.

« Alors que nous continuons à construire une approche multi moteur pour stimuler la croissance future, une gouvernance d’entreprise diversifiée deviendra la nouvelle stratégie organisationnelle d’Alibaba », explique Daniel Zhang, président-directeur général du groupe, dans une lettre interne. Il affirme également que la société veut s’engager un peu plus dans la mondialisation, « nous continuerons à nous concentrer sur notre objectif de devenir une entreprise véritablement mondialisée, », ajoute-t-il.

Cette division d’Alibaba doit lui permettre de gagner en agilité sur les marchés chinois et internationaux, et de doper sa croissance, alors que ses prévisions pour 2021 ont récemment été revues à la baisse. Malgré ces résultats, le géant du commerce en ligne a réitéré son ambition d’atteindre les 2 milliards de consommateurs dans le monde.

Il doit toutefois faire face à l’hostilité des autorités chinoises envers les grandes entreprises du pays. Alors que la législation se durcit dans plusieurs secteurs, Pékin envisage même de demander à certaines sociétés de quitter les bourses américaines, et de plus y entrer. Didi, entreprise de VTC, a d’ores et déjà fait les frais de cette nouvelle politique. La Chine a décidé depuis 2020 de s’attaquer au monopole des géants technologiques, et l’autorité antitrust chinoise a infligé une amende record de 2,3 milliards d’euros à Alibaba plus tôt cette année.