Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a annoncé l’objectif de doubler le nombre de licornes européennes à l’horizon 2030. Ces entreprises technologiques, dont la valeur dépasse 1 milliard de dollars, sont actuellement au nombre de 120. Plusieurs projets et programmes européens vont déjà en ce sens.

240 licornes d’ici 2030

Doubler le nombre de licornes en moins de dix ans, pour atteindre les 240, est un objectif ambitieux. Thierry Breton en est persuadé, l’innovation et la création de sociétés technologiques seront stimulées par quelques secteurs. « D’ici 2030, les données, le cloud, l’informatique de périphérie et l’informatique quantique seront les moteurs de l’innovation industrielle et sociétale, créant de nouveaux modèles économiques », a déclaré le commissaire européen sur LinkedIn. « Je souhaite que les entreprises européennes, en particulier les startups et les PME, saisissent toutes ces opportunités en forte croissance », a-t-il ajouté.

Il fait ici référence au programme Digital Europe, récemment annoncé. Un programme incluant un investissement de 2 milliards d’euros, dont 330 millions « seront investis dans les Digital Innovation Hubs pour aider à réduire la fracture numérique entre les PME ». En mars 2021, 25 licornes ont appelé à plus d’investissements pour la tech européenne, afin de concurrencer américains et asiatiques.

Il a aussi mis en avant le nouveau cadre temporaire pour les aides d’État, présenté la semaine dernière par la Commission Européenne, qui doit permettre d’améliorer la stabilité financière, et la solvabilité, des PME.

Renforcer le pan technologique de l’Europe en pleine pandémie

La pandémie renforce aussi la nécessité d’augmenter le nombre d’innovations technologiques, car elle entraîne une forte digitalisation des services et des usages des citoyens. Les entreprises ont également été fortement impactées par le Covid-19, que ce soit à cause de réorganisations, de la crise économique, ou encore de pénuries, « la pandémie nous a montré à quel point les PME étaient exposées aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et aux problèmes de solvabilité qui en découlent », explique Thierry Breton.

L’ancien ministre de l’Économie français estime aussi qu’il faut « faire preuve de plus d’audace » dans l’innovation et la création d’entreprises. L’un des buts de l’Union Européenne derrière cette volonté de doubler le nombre de licornes, est l’apparition d’un leadership technologique européen. S’ajoute à cela la nécessité de diminuer la dépendance de l’Europe à des pays tiers.

La pandémie a montré que les pays européens sont encore très dépendants d’autres nations, asiatiques pour la plupart, dans divers domaines technologiques. Le cas le plus flagrant étant par exemple la pénurie de semi-conducteurs. Plus de licornes européennes, cela permettrait donc de tendre vers plus d’autonomie et de souveraineté, dans des domaines de plus en plus importants, à l’image du cloud.

L’objectif affiché par Thierry Breton est ambitieux mais pas irréalisable. Les jeunes entreprises technologiques européennes se portent bien en 2021 malgré la pandémie, avec un écosystème numérique qui a doublé sa valeur en un an, pour atteindre 670 milliards d’euros. La France connaît quant à elle un bon dynamisme dans ce domaine. Plusieurs nouvelles entreprises sont entrées cette année dans le cercle fermé des licornes françaises, comme Alan, valorisée en avril à 1,4 milliard d’euros.