L’administration du cyberespace de Chine (CAC) a demandé à Didi, le Uber chinois, de se retirer de la bourse de New York, selon les informations de Bloomberg, publiées le 26 novembre. Pékin redoute les fuites de données sensibles de ses citoyens vers les États-Unis.

Didi n’a pas écouté Pékin, mauvaise idée

Lorsque Didi s’est introduit en bourse fin juin 2021. Une décision déjà risquée, les autorités chinoises s’étaient montrées défavorables à l’opération. La plus grande introduction en Bourse d’une entreprise chinoise à New York, depuis Alibaba en 2014, avec 4,4 milliards de dollars levés a été entachée au bout de quelques jours par la multiplication d’enquêtes et de sanction venant de Pékin.

25 applications de Didi ont été purement et simplement supprimées et la société de VTC a reçu l’interdiction de recruter de nouveaux clients. En parallèle, les autorités chinoises ont adopté des réglementations pour limiter l’introduction en Bourse de leurs entreprises, toujours au nom de la sécurité des données. La valeur de Didi à baisser de 44% depuis son arrivée à Wall Street.

Le CAC à l’intention de passer à la vitesse supérieure, histoire de laver définitivement la faute d’une société qui s’est crue capable de braver Pékin. Si Didi souhaite réouvrir ses applications, elle devra dire adieu à New York. Plusieurs hypothèses se bousculent sur la table pour concrétiser ce départ.

Comment l’entreprise va-t-elle quitter New York ?

La première consiste au rachat de toutes les actions. Si ce scénario devait être privilégié, le titre sera probablement évalué à 14 dollars, le prix lors de l’introduction en Bourse, contre 7,43 selon leur valeur le 30 novembre. Un départ aussi précoce dans ces conditions pourrait autrement être passible de poursuites. Le transfert de la côte à Hong-kong, très théoriquement autonome de la Chine, est l’autre option envisagée.

Cours de la bourse de Didi

Depuis son introduction en bourse, fin juin 2021, le cours de Didi est en baisse constante. Crédit : Google

Pour avoir les moyens d’envisager le premier cas, l’État chinois s’est déjà dit prêt à investir via ses entreprises publiques. Dans la seconde situation, Didi devra de toute façon régler ses difficultés de sécurisation des données.

La révélation de Bloomberg a été moyennement appréciée sur les marchés financiers. Les principaux actionnaires minoritaires ont passé une mauvaise veille de Week-end. SoftBank, actionnaire minoritaire de Didi à 21,5%, Uber technologies à 12,8% et Tencent 6,8%, ont chacun vu leur cours baisser.

La survie à quel prix ?

Malheureux hasard, ou pression étudiée, le 30 novembre, le ministère des Transports, le bureau de la sécurité publique et l’antitrust chinois ont publié une série de réglementations visant à protéger davantage les droits des chauffeurs VTC. Les opérateurs, dont le plus grand Didi, sont sommés d’améliorer la protection sociale de leurs chauffeurs et de demander des commissions « raisonnables ». Des mesures en phase avec le projet de « prospérité commune » voulu par le président Xi Jinping.

D’après les analystes de Bloomberg, l’activité de Didi n’est pas menacée en soi. Le marché chinois du covoiturage représente 50 milliards de dollars et devrait doubler d’ici 2025. L’expansion à l’internationale de l’entreprise est, elle, menacée. Pour la bourse de New York, Reuters rapporte que Didi doit agir sous un certain délai, inconnu.