Le 23 novembre 2021, Stéphane Lemaire et Pierre Crozet, respectivement directeur de recherche CNRS et maître de conférences à Sorbonne Université, ont réussi une première mondiale. Les deux chercheurs ont encodé des données sur des molécules d’ADN.

Pour la première fois dans les monde, des données ont été encodées sur des molécules d’ADN

Il y a quelques jours, le musée des Archives Nationales a inauguré le lancement d’une technologie futuriste : le stockage numérique sur ADN. Une technique dont il est question depuis plusieurs années mais qui n’avait encore jamais pu voir le jour. Cette fois-ci ça y est, et c’est en France que cela se passe. À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 23 novembre, l’équipe de recherche a présenté son projet intitulé « La Révolution de l’ADN ».

Symboliquement, les chercheurs ont décidé d’encoder la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 ainsi que la Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges en 1791. Ces deux textes stockés physiquement aux Archives Nationales, ont été stockées sur des fragments d’ADN synthétisés. Un processus qui se base sur la technologie DNA Drive, développée et brevetée en 2019 par les deux chercheurs français.

Cette solution de stockage est-elle viable ?

Chacun de ces deux textes ont été stockés à plus de 100 milliards d’exemplaires dans une petite capsule métallique inoxydable de 18 mm sur 5 mm. Les capsules se trouvent d’ores et déjà dans « l’Armoire de Fer » du musée des Archives Nationales à Paris. Un lieu sacré, là où reposent par exemple le testament de Napoléon 1er, ou encore la Constitution de la Ve République. Les capsules ont été conçues pour durer au moins 50 000 ans, selon Stéphane Lemaire.


Cette première mondiale permet de mettre un coup de projecteur sur cette technologie futuriste, qui ne devrait pas se démocratiser avant quelques années. En effet, l’encodage sur ADN coûte cher (environ 850 euros par mégaoctet) et prend du temps. D’ici quelques années, avec les avancées technologiques, cette technologie pourrait néanmoins être viable. Stéphane Lemaire aimerait implanter le stockage sur ADN dans les data centers d’ici 2030.

Selon Bruno Ricard, directeur général des Archives nationales, il est indispensable d’innover dans la manière de stocker les données car « garantir la transmission du patrimoine aux générations futures est un vrai défi pour le papyrus, le parchemin, le papier, mais encore plus pour le numérique ». 70 To de données numérisées sont actuellement stockées aux Archives Nationales et la barre des 200 To pourrait être franchie dans quelques années. Contrairement aux data centers avec lesquels nous travaillons aujourd’hui, l’ADN promet un stockage durable, économique et à température ambiante.