Une nouvelle monnaie numérique, provisoirement nommée DCJPY, va faire son apparition en 2022 au Japon. Soutenue par des dépôts bancaires, c’est-à-dire fournie par les banques, elle doit commencer à être testée dans les prochains mois. Le projet implique 70 organisations et les banques les plus importantes du pays, regroupées sous le nom de Digital Currency Forum. Cela témoigne aussi de l’intérêt que suscitent les monnaies numériques.

Numériser la monnaie pour répondre aux problématiques actuelles

Parmi les membres du Forum se trouvent quatre banques privées, des entreprises de télécommunications et ferroviaires, ainsi que de grandes entreprises comme Mitsubishi. À ces entités s’ajoutent la Banque centrale du Japon, trois ministères et l’Agence des services financiers, qui ont le statut d’observateur.

En introduction d’un livre blanc (pdf) sur le projet, le groupe explique la nécessité de s’adapter au monde d’aujourd’hui, qui se digitalise de plus en plus. « La propagation de la maladie Covid-19 a incité les efforts de numérisation du point de vue du développement et de l’infrastructure pour soutenir les activités économiques et sociales, tout en évitant le contact physique », est-il indiqué. La pandémie semble donc avoir accéléré le développement de ce type de projet, qui apparaît comme une nécessité dans un monde où les contacts physiques se réduisent.

Pour utiliser cette monnaie, les participants devront transférer de l’argent d’un compte bancaire classique vers un compte en devise numérique. Devise sera stockée sur une plateforme conçue spécialement pour la DCJPY. Cette sorte de digi-yen pourra être transférée à d’autres utilisateurs, via cette plateforme. Il sera aussi possible de choisir de transférer cette monnaie sur un compte bancaire classique. Toutefois, il a été précisé que la conversion en monnaie fiduciaire ne sera dans un premier temps pas possible. Pour fonctionner, la DCJPY va utiliser la technologie de la blockchain.

Les trois raisons principales pour créer la DCJPY

Le livre blanc est aussi l’occasion d’exposer les motifs justifiants la création de ce groupe, et de cette monnaie. Des justifications qui sont au nombre de trois.

Exemple d’utilisation de DCJPY par la plateforme dédiée

Le Digital Currency Forum a annoncé créer une plateforme pour que les participants puissent utiliser la DCJPY durant les tests. Image : Digital Currency Forum.

La première justification est l’interopérabilité. Ce terme désigne la capacité d’un produit à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes, sans restriction. La East Japan Railway, membre de ce projet et plus grande entreprise ferroviaire du Japon, propose par exemple déjà aux détenteurs de ses cartes à puces « Suica » de les utiliser pour effectuer des paiements dans les gares et quelques magasins. Cependant, ce système n’est pas interopérable, comme l’explique le livre blanc. Beaucoup de monnaies numériques ne peuvent pas être converties en monnaies physiques une fois mises sur une carte. Les monnaies virtuelles permettraient de résoudre de tels problèmes, et amèneraient probablement de nouvelles innovations en termes de solutions de paiements.

La seconde justification est d’éviter la concurrence entre une monnaie numérique et les comptes bancaires, en faisant en sorte que la monnaie virtuelle soit émise directement par les banques. Surtout, et c’est là l’un des principaux atouts des monnaies numériques, elles permettent de réduire le temps de règlement des transactions commerciales et transfrontalières, ainsi que leurs coûts. Des économies de temps et d’argent possibles car ce type de monnaie supprime bon nombre d’intermédiaires lors d’une transaction.

La troisième justification mise en avant est le fait que les monnaies virtuelles sont plus appropriées que les physiques pour l’exécution de smart contracts. Elles facilitent également le règlement d’actifs numériques comme des NFT.

Les monnaies numériques, le futur de l’économie ?

Quant à la valeur de cette DCJPY, elle serait au minimum d’un yen japonais. Dans leur livre blanc, les participants estiment que la lier aux dépôts bancaires la rendrait plus stable.

Si de premiers tests sont prévus pour la fin 2021 ou le début 2022, la mise en circulation de la DCJPY n’est pas attendue avant le second semestre 2022, alors que le Japon teste déjà sa monnaie numérique. Ce projet doit essentiellement permettre de mesurer la faisabilité de l’utilisation d’une telle monnaie pour des transactions commerciales comme des règlements inter-entreprises.

Les monnaies numériques ont le vent en poupe. Énormément d’organisations se lancent dans leur développement. Certains pays, comme c’est le cas avec la DCJPY, s’impliquent aussi. Si plusieurs nations ont déjà mis en circulation la leur, d’autres en sont encore au stade du développement, comme la France. Bien souvent, les pays impliqués passent par leur Banque centrale, pour mettre au point une MNBC (monnaie numérique de banque centrale). Les monnaies numériques sont donc amenées à se répandre et à se démocratiser dans un futur proche.