Une ombre est venue planer sur les résultats records de Nvidia pour le troisième trimestre 2021, la Federal Trade Commission (FTC). Lors d’un entretien téléphonique en marge des annonces le 17 novembre, Colette Kress, directrice financière de l’entreprise, a rapporté que l’agence américaine avait fait part de ses « inquiétudes » à propos du rachat d’Arm.
Un avantage concurrentiel trop grand pour être honnête
Le bruit courait déjà dans les couloirs, Nvidia l’a confirmé, la FTC ne voit pas d’un bon œil l’opération. Aucune enquête officielle n’a encore été lancée, mais l’agence et l’entreprise discutent. Cette dernière souhaite « répondre aux préoccupations ».
En l’absence de communication de la FTC et de précision de Nvidia sur ce que recouvrent ces « préoccupations », il n’est possible que de les subodorer. Plusieurs grandes entreprises américaines, telles que Qualcomm sont loin d’être ravies à l’idée de voir Arm passer sous le giron de Nvidia.
Cette acquisition pourrait amener le géant de la puce graphique dans une position concurrentielle plus que favorable. Arm fournit des licences pour la fabrication de dizaines de milliards de puces dans le monde. En rachetant Arm, Nvidia pourrait bloquer l’accès aux licences à ses concurrents dans le secteur des centres de données ou de l’automobile. Nvidia pourrait également concentrer l’activité de l’entreprise britannique, actuelle propriété de SoftBank, vers les licences qui l’intéresse en premier lieu et nuire ainsi à l’innovation.
La guerre mondiale de Nvidia
Ces préoccupations, la FTC et les géants du secteur ne sont pas les seuls à les avoir. Depuis l’annonce de l’opération en septembre 2020 les procédures s’accumulent. En avril 2021 l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) a ouvert une enquête sur ces questions de concurrence. Une procédure plus poussée de la CMA, incluant des questions de sécurité nationale, a été lancée la veille des résultats de Nvidia.
Fin octobre, c’est la Commission européenne qui a annoncé officiellement l’ouverture d’une enquête approfondie sur le rachat pour des raisons de concurrence. Selon le Financial Times, les garanties proposées par Nvidia dans les deux cas n’ont pas convaincu.
En Chine enfin, la situation est plus confuse. Nvidia a demandé une autorisation pour son acquisition. Les autorités n’ont pas lancé de procédure officiellement, mais elles ont averti que l’étude de la demande prendrait une année et 18 mois. En septembre 2020, l’entreprise américaine se donnait 18 mois pour concrétiser son opération…
Aujourd’hui, nous en sommes à 14 mois et la situation pour Nvidia pourrait difficilement être plus mal embarquée. Pourtant, Colette Kress continue d’afficher une confiance désarmante, « nous continuons à croire aux mérites et aux avantages de l'acquisition pour Arm, ses détenteurs de licences et l’industrie ». Les troupes vont devoir être constamment mobilisées pour parvenir à un compromis avec tous les régulateurs hostiles.