Parti tôt dans la matinée du 17 novembre depuis le Centre spatial guyanais, le lanceur Vega a mis en orbite avec réussite les trois satellites CERES destinés à l’armée française, rapporte Arianespace (pdf).

La France rejoint un club très fermé en matière de renseignement spatial

CERES, déesse de l’agriculture dans la mythologie romaine, est plutôt destiné ici à moissonner du renseignement comme l’indique son acronyme (un peu forcé), CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale.

Les trois petits satellites, ils pèsent 446kg chacun, seront positionnés à 700km d’altitude. Fonctionnant en formation, ils sont destinés à détecter et localiser les systèmes radars et les systèmes de télécommunication sur une zone voulue, partout sur la planète. Le contrôle opérationnel sera assuré par la Direction du renseignement militaire.

Le programme, piloté par la Direction générale de l’armement avec le soutien du Centre national d’études spatiales (CNES), est le premier de ce type en France et même en Europe. Seuls la Russie, les États-Unis et la Chine disposent de telles capacités de collecte d’information électromagnétique.

Florence Parly, ministre des Armées, n’a pas manqué de saluer « un succès » qui « contribue au renforcement de nos capacités spatiales de défense, déterminantes pour notre souveraineté et notre indépendance stratégique ».

La guerre des satellites

Le programme CERES a coûté 450 millions d’euros. Il s’intègre à la stratégie spatiale de défense de la France établie en 2019, insérée dans la loi de programmation militaire 2019-2025. 5 milliards d’euros sont consacrés à l’espace, dont 3,6 milliards pour le renouvellement de la capacité satellitaire du pays. Le 24 octobre, trois satellites de communication militaire nouvelle génération, le programme Syracuse, ont été lancés.

La France doit se doter d’ici 2030 d’une nouvelle gamme de satellites dont la mission sera de se défendre d’autres satellites grâce à de puissants systèmes laser. En 2018, la Russie a été soupçonnée de vouloir espionner un appareil européen en s’en approchant d’un peu trop près.

Côté lanceurs, VEGA, a signé sa troisième mission réussie de 2021, sa 18e sur 20 lancés depuis son entrée en service en 2012. Tandis que les bougies étaient de sorties pour fêter le 300e lancement depuis le Centre spatial guyanais, Vega se prépare à la retraite. Une version améliorée, VEGA C, doit le remplacer dans les mois à venir après deux dernières missions.