Dans un rapport publié lundi 8 novembre 2021, la Banque de France est revenue sur les premiers résultats de son programme d’expérimentations d’une MNBC interbancaire (Monnaie Numérique de Banque Centrale). Un dispositif lancé en mars 2020 afin de tester un euro numérique dans des « procédures innovantes d’échange et de règlement d’actifs financiers sur la base de nouvelles technologies ».

À quoi sert une MNBC interbancaire ?

Après avoir mené une expérimentation de 10 mois sur les MNBC, la Banque de France revient sur un autre programme mené parallèlement. Celui-ci consiste à ancrer l’usage de la monnaie émise par la banque centrale comme actif de règlement dans les opérations entre intermédiaires financiers (MNBC interbancaire), dans le but de sécuriser l’ensemble des transactions financières. Il n’y a pas de débat sur ce sujet : la monnaie numérique de banque centrale et en l’occurence l’euro numérique, est l’actif de règlement le plus sûr mis à disposition des agents économiques.

L’objectif de cette expérimentation était de démontrer le potentiel d’une monnaie numérique de banque centrale interbancaire pour « d’une part sécuriser les transactions financières impliquant des jetons numériques et d’autre part faciliter les paiements transfontalières ». Selon Nathalie Aufauvre, Directrice Générale de la Stabilité financière et des Opérations, en charge des expérimentations des MNBC à la Banque de France : « ces expérimentations de monnaie numérique de banque centrale interbancaire réalisées dans des délais record, en un peu plus d’un an, montrent l’intérêt et les attentes des acteurs de marché vis-à-vis des autorités publiques ».

Le chemin est encore long…

Ces expérimentations ont soulevé plusieurs questions auprès des organismes bancaires européens. En effet, selon la Banque de France, « l’émission d’une MNBC interbancaire auprès d’un large nombre d’acteurs de marché pourrait affecter le rôle des intermédiaires financiers et les conditions de la transmission de la politique monétaire à l’économie ». Sur ce sujet, Nathalie Aufauvre estime que la capacité de la banque centrale à conserver le contrôle de la MNBC interbancaire en circulation est fondamentale. Elle précise qu’il faut poursuivre les travaux sur les implications d’une MNBC interbancaire.

Cependant, la Banque de France ne cache pas que le chemin vers une MNBC interbancaire est encore long et nécessite beaucoup de travail complémentaire, notamment sur le volet de la sécurité. Aucun calendrier n’a pour le moment été présenté. Il en va pourtant de la souveraineté de l’Europe, à l’heure où la Chine teste déjà son yuan numérique auprès de 140 millions de chinois et que les États-Unis comptent bien jouer un rôle central avec leur dollar numérique.