Le groupe Carrefour continue sa mue sur le numérique en mettant un sérieux coup de pied sur la pédale d’accélérateur. À travers un plan de 3 milliards d’euros couvrant la période 2022-2026, Carrefour s’imagine en géant du digital et compte sur le groupe Meta pour y parvenir.

Carrefour accélère dans sa transformation numérique

Désireuse de coller aux nouveaux modes de consommation, Carrefour vient d’annoncer lors de son « Digital Day » un important plan d’investissement dédié au numérique.

Trois milliards d’euros seront ainsi alloués à la transformation du groupe sur les 5 prochaines années pour lui permettre de tripler son volume de ventes en ligne et atteindre 10 milliards d’euros par an. « Nos avancées digitales nous permettront de développer de nouvelles sources de revenus et de profits, mais aussi d’améliorer la performance opérationnelle de toutes nos activités », a déclaré Alexandre Bompard, PDG du groupe dans un communiqué (pdf). Une partie de cet investissement ira ainsi dans la formation de 100 000 de ses employés au numérique via un partenariat avec Google ainsi que dans la création d’un fonds de capital-risque dédié au numérique et d’un « studio d’innovations », afin d’investir sur les innovations et les startups de demain.

Mais la grande annonce du jour concerne surtout la mise en place d’un partenariat de grande ampleur avec Meta, la maison-mère de Facebook.

Couvrant les 9 pays intégrés du groupe Carrefour (France, Italie, Espagne, Roumanie, Pologne, Belgique, Taiwan, Argentine et Brésil), ce partenariat doit permettre au groupe de changer de dimension en proposant une meilleure expérience client et devenir une « digital retail company ». La société mise ainsi sur différents modes de livraison (drive, livraison à domicile en moins de trois heures ou en moins de 15 minutes), mais aussi sur le développement de son offre non-alimentaire en ligne, ses places de marché et les réseaux sociaux pour concurrencer directement Amazon.

« Notre objectif pour 2026, c‘est que 30 % de nos clients, contre 4 % en 2018, deviennent omnicanaux, et que notre volume d’affaires digital, via nos sites et nos places de marché, passe de trois milliards en 2021 à dix milliards d’euros », a déclaré Alexandre Bompard. « Carrefour a des moyens, une stratégie et un positionnement omnicanal qu‘Amazon n’a pas et qui nous singularise. Carrefour a désormais une réponse stratégique et industrielle pour lui faire face ».

L’enseigne travaillera ainsi main dans la main avec Meta au développement d’une super app qui doit regrouper à terme tous les services de Carrefour (drive, livraison rapide à domicile, programme de fidélité…), et réaliser des campagnes publicitaires ciblées. Mais le programme ne s’arrête pas là et couvrira des domaines variés touchant la communication interne, la relation client, la publicité numérique ou encore le commerce social.

Carrefour main dans la main avec Meta

Pour digitaliser son expérience client, Meta viendra ainsi prêter main-forte pour fournir une expérience client personnalisée via ses différents canaux de communication (Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger). Les directeurs de magasins auront par exemple accès à des outils spéciaux leur permettant de gérer des communications marketing via les plateformes du groupe Meta en local. Les prospectus seront digitalisés mais on peut s’attendre à des formats bien plus innovants que la simple numérisation de prospectus comme les Collections ou le Live Shopping par exemple.

Les deux entreprises développeront également une offre commune de ciblage et de mesure des campagnes au sein de Carrefour Links, la plateforme de Carrefour qui regroupe l’ensemble des solutions de retail media pour améliorer l’efficacité des campagnes publicitaires. Enfin et on ne s’en étonnera pas, Carrefour souhaite mettre un pied dans le métavers qu’imagine Mark Zuckerberg comme le futur de l’Internet en explorant « les opportunités que la réalité virtuelle pourrait créer, notamment pour la formation des employés ».

Mais le partenariat va dans les deux sens et Carrefour vient donner un coup de pouce à Meta en faisant basculer ses 320 000 employés sur l’outil de communication interne Workplace. Un signal fort qui indique que ce partenariat s’inscrit sur la durée et qui permet à Meta de remettre sur le devant de la scène son outil réseau social d’entreprise qui n’a pas toujours la cote. L’objectif est de permettre de casser la logique de silos propre aux grands groupes et de générer une collaboration accrue entre les employés peu importe leur activité ou leur localisation dans le monde.

Toutefois la plupart des investisseurs émettent des doutes sur la mise en place d’un tel partenariat. N’est pas Amazon qui veut et il faudra probablement faire encore plus pour permettre à Carrefour de véritablement se muer en géant du net.