Karine Picard, directrice générale d’Oracle France, a inauguré le 8 novembre la première « région » cloud de l’entreprise américaine dans l’hexagone, à Marseille. Le centre de données sera hébergé dans les locaux d’Interxion, déjà bien installé dans la cité phocéenne avec trois centres et un quatrième à venir.

L’extension agressive d’Oracle sur le cloud

Ce choix n’est pas motivé par l’envie d’offrir aux données une vue sur la mer. Marseille est devenue le neuvième hub d’Internet dans le monde en l’espace de 6 ans. La ville est connectée à 43 pays via quinze câbles sous-marins auxquels s’ajouteront, dans les deux prochaines années, six nouveaux câbles précise Fabrice Coquio, président d’Interxion France.

La directrice générale d’Oracle ne nie pas l’intérêt de cette localisation, permettant de couvrir l’Afrique du Nord, « il s’agit d’une position stratégique pour nous » a-t-elle confirmé. L’arrivée à Marseille d’Oracle s’intègre dans une extension globale et « agressive » de la société en matière de cloud.

Pour répondre à une demande toujours croissante, Oracle compte ouvrir 14 nouvelles régions cloud dans le monde. Le but est de disposer d’au moins 44 centres de données d’ici fin 2022, dont un en région parisienne. La firme poursuit « l’un des développements les plus rapides parmi tous les fournisseurs de cloud majeurs ».

Malgré cette ambition affichée, Karine Picard reconnaît qu’Oracle reste un « challenger » dans la course au cloud. La société est arrivée tardivement sur le marché, mais en a fait une force. À en croire Christophe Négrier, vice-président technologie d’Oracle France et Europe du Sud ce retard, « a permis de faire les choses différemment, d’inclure la question de la sécurité « by design », au cœur de la construction de ses services ».

L’incontournable question de la souveraineté numérique

Au côté de la sécurité, la question de la localisation des données est devenue une des priorités des entreprises et institutions souhaitant amorcer leur transition vers le cloud. Karine Picard note que pour un client situé à Paris, avoir ses données hébergées au centre de données de l’entreprise d’Amsterdam ou de Marseille ne fait pas grandes différences, la latence reste autour de 8 millisecondes, les tarifs sont les mêmes tout comme les services à terme.

L’intérêt notamment pour les données les plus critiques, revient à la question de la souveraineté numérique, avoir ses données en France. AWS, Microsoft Azure, IBM, Salesforce, ou Google Cloud ont déjà, ou projettent, de construire des centres de données en France.

À l’AFP, la directrice générale d’Oracle France a confié son intention de nouer un partenaire français du type Google et Thales, ou Microsoft Azure avec Capgemini et Orange. De tels accords pourraient permettre d’obtenir de l’État le label « cloud de confiance », certifiant la protection juridique des données stockées face au Cloud Act américain.