L’administration Biden s’est inquiétée le 18 octobre de voir le programme de sanctions américain affaibli par les monnaies numériques. L’avertissement a été lancé suite à l’examen semestriel du programme par le Département du Trésor.

Les monnaies numériques mettent à mal le dollar

C’est l’un des principaux pouvoirs de sanctions économiques extraterritoriales des États-Unis : le dollar. Le précieux billet vert américain tient toujours le rôle de monnaie de réserve mondiale. En décidant qu’un pays, groupe ou individu ne peut plus l’utiliser dans ses transactions, les États-Unis coupent de facto leur cible d’une partie significative du système financier mondial.

Forcément, l’émergence et la popularisation des monnaies numérique apparaissent comme une menace. Elles permettent de sortir du giron du système de sanction des États-Unis en sortant du parcours bancaire traditionnel.

Une esquive modérément appréciée par le Département du Trésor dans son rapport, « Ces technologies offrent aux acteurs malveillants des possibilités de détenir et de transférer des fonds en dehors du système financier traditionnel basé sur le dollar ». Ironiquement, les États-Unis sont récemment devenus le pays où l’on mine le plus de Bitcoin, laisse à la Chine le soin d’élaborer des systèmes de transactions internationales en MNBC.

Le mécontentement de l’administration Biden n’est pas étonnant, le New York Times souligne que ce levier géopolitique a été utilisé de façon très agressive ces dernières années. L’administration Trump l’a utilisé 1 000 fois par an selon le cabinet d’avocat Gibson, Dunn, Crutcher. L’administration Biden flirte déjà avec les 900 sanctions, l’un des trois plus hauts niveaux historiques.

Cette pratique vise essentiellement des États comme la Corée du Nord, le Venezuela ou l’Iran. Elle est mobilisée contre le terrorisme, l’atteinte aux droits de l’homme, le blanchiment d’argent, etc. Certaines sanctions ne font pas l’unanimité, servant principalement les seuls intérêts américains. Par exemple, lorsque Donald Trump décide subitement de sortir de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran en 2018, la plupart des entreprises françaises n’ont d’autres choix que suivre le mouvement.

Le Trésor reste dans le flou sur les solutions

Pour préserver cet outil de puissance face aux monnaies numériques, le Trésor américain ne donne pas de piste très concrète si ce n’est de moderniser le programme en lien avec le Département d’État et le Conseil national de sécurité. L’interdiction des cryptomonnaies à l’image de la Chine, n’est pas du tout envisagée.

Le Trésor suggère d’investir dans ces nouvelles technologies. L’embauche de personnel spécialisé dans les actifs numériques est également encouragée.

Un haut fonctionnaire du ministère a expliqué à l’occasion de la sortie du rapport qu’il fallait une plus grande coordination avec les pays amis. Le but est de compliquer la conversion de cryptomonnaies en monnaies émises par les gouvernements. C’est justement l’une des pistes abordées lors du sommet contre les rançongiciels organisé par les États-Unis.

Pour le moment, le programme de sanction souffre de l’absence de direction. Les candidats de Joe Biden ont été bloqués par le Sénat. Le futur haut responsable des sanctions saura en tout cas quel dossier il devra traiter en priorité.