Après une longue bataille, The Intercept a finalement réussi à publier une liste secrète détenue par Facebook. Sur cette liste, figurent les noms de 4 000 organisations et individus jugés dangereux par le réseau social. Une grande partie des noms qui se trouvent sur cette liste sont liés à la menace terroriste islamiste. Bien plus que ceux en lien avec des organisations de suprémacistes blancs.

Onze entités françaises figurent sur cette liste

Face aux accusations sur la propagation de discours haineux, Facebook a souhaité prendre les devants en interdisant à ses utilisateurs de parler librement des personnes et des groupes qui « encouragent la violence ». Cette liste a été constituée en 2012, au moment où les terroristes islamistes étaient soupçonnés de recruter de nouveaux membres en ligne. À cette époque, Facebook avait décidé d’ajouter à ses normes communautaires une interdiction des « organisations ayant un passé d’activités terroristes ou criminelles violentes ». Voici la répartition des entités présentes sur la liste :

Répartition des activités des entités jugées dangereuses par Facebook. Illustration : The Intercept

Une réglementation qui a pris de l’ampleur au fil des années pour se transformer en une politique à part entière, relative aux personnes et aux organisations dangereuses présentes sur le réseau social. Un ensemble de restrictions sur ce que les 3 milliards d’utilisateurs de Facebook peuvent dire au sujet des 4 000 entités concernées par cette fameuse liste. Au fil des années et des événements violents à travers le monde, la liste s’est agrandie avec notamment le génocide en Birmanie, la montée de l’extrême droite dans le monde ou encore les émeutes du Capitole.

Sur cette liste, on retrouve onze entités françaises : le GUD (Groupe union défense, un mouvement étudiant d’extrême droite), le groupuscule extrémiste Génération identitaire, le site d’extrême droite Égalité et réconciliation ou encore le groupe de musique néonazi Elsass Korp. Ces différentes organisations sont considérées comme dangereuses par les modérateurs de Facebook. Cependant, plusieurs experts ont montré que la politique de Facebook s’est transformée en un système irresponsable, qui punit de manière disproportionnée certaines communautés.

Les utilisateurs du réseau social ont le droit de savoir

Avant la publication de la liste, Faiza Patel, co-directrice du programme de liberté et de sécurité nationale du Brennan Center for Justice, avait déclaré ceci : « Facebook met les utilisateurs dans une position presque impossible en leur disant qu’ils ne peuvent pas publier de messages sur des groupes et des individus dangereux, mais en refusant d’identifier publiquement ceux qu’il considère comme dangereux ».

Aperçu de la liste secrète détenue par Facebook. Image : The Intercept

En effet, en plus des organisations terroristes, Facebook a inscrit sur cette liste les noms de certains hommes politiques, écrivains, d’organisations caritatives, de plusieurs hôpitaux, et même de plusieurs centaines centaines de groupes musicaux et de personnages historiques décédés depuis longtemps… De nombreux défenseurs des libertés civiles ont demandé au réseau social de publier cette liste afin que les utilisateurs sachent quand ils risquent de voir un message supprimé ou leur compte suspendu pour avoir fait l’éloge d’une personne figurant sur cette liste.

Alors qu’une ancienne employée de Facebook fustige les pratiques du réseau social depuis plusieurs semaines, l’entreprise a finalement décidé de lâcher la liste. Après avoir consulté cette fameuse liste Ángel Díaz, maître de conférences à la faculté de droit de l’UCLA, estime que : « les documents montrent que Facebook offre une main de fer à certaines communautés et une main plus mesurée à d’autres ». Le chercheur a notamment écrit plusieurs articles sur l’impact des politiques de modération de Facebook sur les communautés marginalisées.