La Commission du commerce équitable japonaise a décidé de lancer une enquête sur Google et Apple. Objectif : déterminer si les deux géants exercent un monopole ou des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des systèmes d’exploitation pour mobile.

Les deux OS se partagent le monopole du marché nippon

iOS détient 70 % de parts de marché au Japon contre 30 % pour Android. En conséquence, tous les développeurs d’applications doivent impérativement faire correspondre leur logiciel aux spécifications de ces deux systèmes d’exploitation s’ils veulent apparaître sur les smartphones des consommateurs nippons.

Le but du régulateur est donc de déterminer si les deux entreprises s’accaparent les applications et, de ce fait, désavantagent les utilisateurs. La Commission va notamment établir un rapport détaillant la structure du marché des OS au Japon, note Nikkei, et va aussi s’intéresser à la raison pour laquelle il est resté si statique depuis plusieurs années, avec aucun autre concurrent pour venir se frotter aux géants américains. Par ailleurs, des interrogatoires et des sondages auprès d’opérateurs, d’utilisateurs et de développeurs seront réalisés pour mener à bien l’enquête.

La liste des accusations contre Google dans le monde s’allonge encore

Le Japon est loin d’être le premier pays à s’intéresser aux systèmes d’exploitation de Google et d’Apple. La firme de Mountain View est en effet dans le viseur des autorités de différents pays depuis plusieurs années déjà. Par exemple, l’Union européenne lui a infligé une amende record de 4,3 milliards de dollars pour abus de position dominante. Il lui était reproché de forcer les constructeurs mobiles à pré-installer Google Chrome et Google Search sur leurs appareils afin de pouvoir inclure le magasin d’application de l’entreprise. Google tente néanmoins de faire annuler la sanction.

La firme a également écopé d’une amende en Corée du Sud pour des raisons similaires : elle empêchait en effet les constructeurs de smartphones souhaitant avoir des applications Google pré-installées d’incorporer une version Android différente de la sienne. De même, l’Inde a récemment lancé une enquête à l’encontre de l’entreprise en la soupçonnant de réduire « la capacité et l’incitation des fabricants d’appareils à développer et à vendre des appareils fonctionnant avec des versions alternatives d’Android ».

Lors d’une enquête, les régulateurs britanniques ont par ailleurs révélé que Google versait 1,5 milliard de dollars à Apple pour être le moteur de recherche par défaut sur Safari, une pratique bien entendu anticoncurrentielle. Tout cela révèle le pouvoir financier de Google, capable de faire pression sur n’importe qui pour garder le monopole du marché.

Deux appareils ouverts sur Android.

Google a été sanctionné à plusieurs reprises pour par rapport à Android. Photographie : The Average Tech Guy / Unsplash

Les autorités veulent agir, mais est-ce trop tard ?

Cette décision de la part des autorités japonaises n’est donc pas surprenante, d’autant plus que depuis 2019, elles tentent de mieux réguler les big tech et plus particulièrement les GAFA. Les pratiques jugées anticoncurrentielles observées durant l’enquête seront ainsi détaillées dans le rapport, de même que les éventuelles violations de la loi japonaise contre les monopoles.

En outre, le régulateur pourrait faire appliquer sa loi récente sur l’amélioration de la transparence et de l’équité des plateformes numériques auprès d’Apple et de Google. Ces dernières seraient ainsi contraintes de soumettre régulièrement des rapports sur leurs dépenses auprès du Ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie.

Le fait que de plus en plus de pays ciblent les OS mobiles démontre que le monopole d’Apple et de Google est immense. Néanmoins, il est difficile de savoir si des possibles sanctions aujourd’hui permettraient à des concurrents d’émerger, tant les deux géants américains sont puissants dans le secteur numérique de la planète entière.