Nicolas Chaillan est un ancien haut responsable du Pentagone, en qualité de premier officier en chef des logiciels de l’US Air Force. Récemment, il a quitté son emploi, frustré par le manque d’avancées du gouvernement en matière d’intelligence artificielle et de cybersécurité. Pour lui, c’est acté : la Chine passera devant les États-Unis dans ces secteurs technologiques si les méthodes de travail actuelles sont conservées.

L’ancien expert pointe les mauvaises méthodes du gouvernement

En 2018, Nicolas Chaillan devient le nouveau premier officier en chef dans l’objectif d’aider le pays à mettre en œuvre de nouvelles initiatives en lien avec l’IA et la cybersécurité. Cependant, il affirme que plusieurs problèmes entravent la capacité des États-Unis à rester compétitifs dans ces domaines. Les formalités administratives du gouvernement, les négociations bureaucratiques, et une approche cloisonnée pour la mise en œuvre de solutions ont eu raison de l’expert qui a quitté son poste le mois dernier.

Par la suite, il s’est exprimé dans un article publié sur LinkedIn. Il y accuse le ministère de la Défense américain d’entraver ses propres progrès, et de se mettre des bâtons dans les roues. « Nous n’avons aucune chance de combattre la Chine dans 15 à 20 ans. À l’heure actuelle, c’est déjà une affaire conclue, c’est déjà terminé à mon avis », a précisé le spécialiste dans une interview accordée au Financial Times.

Un retard sur la Chine bien trop conséquent à rattraper ?

Dans ses remarques, Nicolas Chaillan rejoint les idées d’un groupe de professionnels de la technologie et de la sécurité nationale. Ils prétendent que la Chine est prête à conquérir le monde grâce à ses capacités technologiques et à sa puissance économique nettement supérieures. Reste à savoir si ces propos sont légitimes ou exagérés.

« La Chine se dirige vers une domination mondiale » selon Nicolas Chaillan. Certains aspects tendent à démontrer les affirmations de l’expert, notamment sur la cybersécurité américaine. La cyberattaque de SolarWinds où de nombreuses agences fédérales ont été compromises par des pirates montre à elle seule que les normes de sécurité américaines devraient être considérablement améliorées.

Il compare également la course aux armements durant la Guerre Froide entre l’URSS et les États-Unis avec cette lutte entre ces derniers et la Chine en matière d’IA. À l’heure actuelle, Google, IBM, NVIDIA, ou encore Microsoft sont certains des plus grands acteurs du marché de l’IA. Nicolas Chaillan n’a pas hésité à critiquer les multinationales, dont la firme de Mountain View qu’il ne trouve pas assez entreprenante. Pour lui, elle ne s’intéresserait pas assez à des sujets de recherche controversés au contraire des entreprises chinoises, « obligées de travailler avec le gouvernement, et font un investissement massif dans l’IA sans égard pour l’éthique ». Des propos tenus quelques semaines seulement après l’adoption de nouvelles directives en matière d’éthique de l’IA dans le pays.