Une bonne nouvelle pour les amateurs de produits Microsoft. La firme de Redmond a accepté de faciliter la réparation de ses produits par des entreprises tierces ou des clients. Un premier grand pas en faveur du droit à la réparation, défendu par de plus en plus d’organisations.

En juin 2021, des actionnaires de Microsoft ont déposé une résolution auprès de la direction, la poussant à envisager sérieusement de rendre ses différents appareils plus facilement réparables. En d’autres termes, les investisseurs souhaitaient que l’entreprise s’engage dans le droit à réparer. Cela désigne le droit des clients à réparer eux-mêmes, ou via des commerces non officiels, leurs appareils.

Microsoft a cédé pour le droit à la réparation

Cette résolution a été déposée via l’ONG As You Sow (une organisation à but non lucratif de défense des investisseurs), auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC). Elle demandait notamment à la société dirigée par Satya Nadella, de se pencher sur « les avantages environnementaux et sociaux » qu’il y aurait à rendre les appareils de la marque plus facilement réparables.

Face à cette résolution, Microsoft a cédé, révélait la semaine dernière Grist. L’entreprise américaine a ainsi fait plusieurs concessions. Parmi elles, se trouve la promesse d’engager un consultant indépendant, pour étudier précisément les manières dont l’accès aux instructions, et aux pièces, permettrait de réduire l’impact environnemental des appareils électroniques.

Cela passe notamment par la réduction des déchets électroniques, en facilitant la réparation des appareils, et donc en évitant qu’ils ne soient jetés. La disponibilité de certaines pièces sera également étendue, et les possibilités de « réparations locales » seront facilitées.

La Surface Pro 8 lors de la présentation de la gamme Surface 2021

Les ordinateurs comme la nouvelle Surface Pro 8, seront peut-être les premiers appareils à bénéficier de mesures de réparations facilitées de Microsoft. Photographie : Grégoire Levy / Siècle Digital.

Concernant l’étude, dont les conclusions sont attendues pour fin 2022, Microsoft affirme qu’elle y donnera suite de façon concrète. « C’est une étape encourageante de Microsoft », se réjouit dans un communiqué, Kelly McBee, coordinatrice du programme de déchets chez As You Sow. « Cet accord permettra aux consommateurs de réparer leurs appareils Microsoft en dehors du réseau limité d’ateliers de réparation autorisés », explique-t-elle. Face aux efforts du géant technologique, l’ONG a retiré la résolution des actionnaires.

Des conséquences économiques et écologiques positives

Microsoft, et surtout Apple, sont régulièrement pointées du doigts comme des entreprises ne proposant aucune autre solution de réparation que quelques magasins officiels. La défense de ce droit prend de l’ampleur ces dernières années, pour des questions écologiques et économiques. Beaucoup de consommateurs se découragent devant le manque d’offres pour faire réparer leurs appareils. Un manque d’offres qui entraîne des prix élevés. Ils décident alors (trop) souvent de jeter leurs appareils, qui ne seront ni repris, ni recyclés.

La marque à la pomme se trouve d’ailleurs elle aussi face à des revendications sur le droit à la réparation. Green Century, une société de fonds communs de placement, centrée sur l’investissement écoresponsable, a déposé il y a peu une résolution du même type. « L’électronique est le flux de déchets qui connaît la croissance la plus rapide au monde et près de 70 % des émissions associées aux appareils informatiques personnels surviennent pendant la production », affirme le communiqué de As You Sow.

Pour les consommateurs, la fin de ce monopole de la réparation entraînerait des conséquences économiques importantes. Plus de concurrence, c’est également des prix potentiellement à la baisse. Cela sera aussi positif pour la planète, un appareil réparé étant un appareil qui n’est pas jeté. La position de Microsoft a probablement été influencée par la mobilisation de différentes nations dans le monde en faveur du droit à la réparation. Fin 2020, l’Union Européenne a par exemple voté une loi sur ce droit, notamment pour favoriser « produits et services durables ».

La France a pour sa part lancé un « indice de réparabilité », pour aider les clients à mieux consommer. Dernièrement, ce sont les États-Unis qui tentent d’instaurer ce droit. La commission fédérale du commerce a voté plusieurs lois sur le droit à la réparation. Reste à voir quand et comment se traduiront concrètement les promesses de Microsoft, et si d’autres entreprises comme Apple, l’imiteront.