Bilan mitigé pour les fournisseurs de cloud européens. D’après l’institut d’études Synergy Research, ces derniers ont doublé leur chiffre d’affaires en 2021, mais à un rythme plus faible que le marché, laissant leurs rivaux américains se tailler une très grande part du gâteau. Un constat qui devrait encore durer quelques années…

Depuis 2017, le marché européen du cloud a presque quadruplé pour atteindre 7,3 milliards d’euros au deuxième trimestre 2021 d’après la dernière étude du cabinet de recherche Synergy Research. Une croissance exceptionnelle, mais qui ne profite malheureusement pas suffisamment à nos fleurons européens. Leur chiffre d’affaires reste bien inférieur à celui du marché global du cloud qui a généré 26 milliards d’euros au cours des quatre derniers trimestres. Leur part de marché est ainsi passée de 27% à 16% sur ce même laps de temps, alors que celle des leaders américains (Amazon, Microsoft et Google) n’a cessé d’augmenter pour atteindre désormais 69% du marché en Europe. Un chiffre assez similaire à leur part de marché dans le monde (61%), avec Amazon en première position (31% de parts de marché), suivi par Microsoft Azure (22%) et Google Cloud (8%).

Graphique représentant la part de marché des acteurs européens du cloud contre la croissance globale du marché.

Les revenus des services d’infrastructures cloud en Europe ont totalisé plus de 26 milliards d’euros. Graphique : Synergy Research Group)

On retrouve ainsi parmi les fournisseurs de cloud européen une profusion de sociétés assez variées avec en première position, Deutsche Telekom, qui détient 2 % du marché, suivi par OVHcloud (qui vient tout juste de se lancer en bourse), SAP, Orange, et une longue liste d’acteurs nationaux et régionaux. Le reste du marché européen est occupé par de petits fournisseurs de cloud américains et asiatiques, qui perdent régulièrement des parts.

John Dinsdale, analyste en chef chez Synergy Research, précise que « les fournisseurs de cloud européens pourraient être satisfaits d’avoir plus que doublé leurs revenus sur les quatre dernières années. S’ils n’ont pas tous profité des opportunités de croissance plus élevées, certains se sont taillés des positions durables en tant que champions nationaux ou acteurs de niche solides ».

Les sociétés européennes devraient ainsi continuer à croître, bénéficiant de l’explosion du marché du cloud. Toutefois, les lourds investissements consentis par les géants américains qui ne cessent de moderniser leurs infrastructures à coups de milliards de dollars ne devraient pas leur permettre de les rattraper dans un futur proche.« Il est presque impossible d’imaginer que la dynamique actuelle du marché change beaucoup dans les cinq prochaines années. Il s’agit d’un jeu d’échelle et les trois grands fournisseurs américains de services de cloud computing ont investi plus de 14 milliards d’euros dans les investissements européens au cours des quatre derniers trimestres. Les fournisseurs européens de services de cloud computing peuvent encore poursuivre leur croissance régulière. La clé pour eux est de rester concentrés sur les cas d’utilisation qui ont des exigences plus strictes en matière de souveraineté des données et de confidentialité et sur les segments de clientèle qui nécessitent un solide réseau de soutien local. »

La longue liste de fournisseurs spécialisés dans le cloud en Europe ne permet ainsi pas encore aux sociétés nationales de venir titiller les géants américains. Seule une consolidation du marché devrait leur permettre en partie de rivaliser avec ces dernières dans les années à venir…