Nombreux sont les développeurs qui se tournent vers la blockchain Ethereum afin de concevoir de nouvelles applications. Elle pourrait même être l’une des composantes de ce que l’on appelle le web 3.0 ou le web sémantique, où une série de services décentralisés pourrait un jour défier les offres des GAFAM.

Ethereum : une blockchain très utilisée par les développeurs

Selon Sandeep Nailwal, co-fondateur de Polygon, « 60 à 70 % de l’industrie fonctionne grâce à Ethereum. C’est un sujet très épineux ». De ce fait, le prix de la monnaie d’Ethereum, connue sous le nom d’Ether (ETH) a été multiplié par 9 cette année. L’ensemble des tokens utilisables et mis en circulation ont une valeur de 350 milliards de dollars au 1er octobre 2021. À titre de comparaison, cela équivaut à 40 % de la valeur de l’ensemble des bitcoins valant plus de 800 milliards de dollars.

Depuis 2015, le nombre de tokens pour Ethereum n’a cessé d’augmenter, et ce, de manière relativement stable. Toutefois, au début de cette année, avec l’augmentation du prix du token, l’Ethereum est entré dans une nouvelle phase : le nombre de tokens en circulation va augmenter bien plus lentement que par le passé, voire réduire. On évoque alors la possibilité que les jetons deviennent plus chers que le bitcoin étant donné qu’ils seront un peu plus « rares » sur le marché.

Graphique représentant la fluctuation du nombre de tokens (en millions) en fonction du temps.

Graphique représentant la fluctuation du nombre de tokens (en millions) en fonction du temps. Source : Financial Times.

En septembre dernier, l’offre de tokens a déjà été réduite. Certains des tokens qui étaient auparavant valides sont désormais considérés comme inutilisables. Une seconde phase de réduction pourrait être amorcée plus tard dans l’année ou au début de l’année prochaine.

Une des raisons qui font que l’Ether a vu son prix grimper est l’utilisation d’un token bien spécifique du nom de NFT (non-fungible token ou jeton non fongible). Un seul token est créé à la fois et il n’est pas possible de les interchanger. Le NFT est lié à un objet physique ou à une œuvre d’art numérique (image, photographie, vidéo, fichier audio, etc.) qui est ensuite vendu en tant que bien digital. Avec les NFT, on note également l’apparition du marché de la DeFi (pour decentralized finance). Permettant la création d’un large portefeuille de services financiers, il offre la possibilité aux détenteurs de cryptomonnaies d’emprunter en fonction de leurs actifs ou d’en prêter. Ces deux nouveaux marchés contribuent grandement à l’essor de la blockchain.

Une série de changements afin d’améliorer les capacités d’Ethereum

En parallèle, Ethereum s’est lancé dans une série de changements dans son propre réseau. Un des axes de travail consisterait à « partager » le réseau en le divisant en 64 plus «restreints», mais tous liés par des registres ce qui réduirait la tension sur chaque nœud dans le réseau. Cela permettrait d’éviter notamment que le réseau valide une à une chaque transaction.

Une autre modification vise à réduire la consommation énergétique de sa monnaie en diminuant celle nécessaire pour les valideurs. Elle se délaisse de la Proof-Of-Work (preuve de travail) pour aller vers la Proof-of-Stake (preuve d’enjeu). Quand la première exploite autant d’énergie qu’un pays de taille moyenne, la seconde en consomme autant qu’une petite ville de 2 000 foyers.

Vitalik Buterin évoque aussi « la possibilité d’effectuer d’autres modifications du protocole sous-jacent pour réduire la charge sur les nœuds ». Il précise également tout son optimisme : « dans deux ans, certaines de ces initiatives seront mises en place et Ethereum verra ses capacités considérablement augmentées ».

Une volonté du créateur de s’adapter aux besoins des utilisateurs

Contrairement au Bitcoin, Ethereum n’est pas fondée entièrement sur une vision monétaire claire ou avec un plafond supérieur de jetons pouvant être initialement créé. Vitalik Buterin, le créateur d’Ethereum précise « qu’il s’adaptera à l’ensemble des besoins des utilisateurs ». Cette annonce ouvre la possibilité à de nouveaux changements sur la manière dont les jetons sont créés et donc sur l’approvisionnement à long terme de l’Ether.

Selon les spécialistes, un espoir derrière cette envolée des prix est qu’Ethereum sera un élément central du web 3.0. « Son utilisation par un grand nombre de développeurs créant déjà des applications, fait de lui un outil tout aussi important pour les développeurs crypto que le JavaScript parmi les développeurs web » selon Sandeep Nailwal.

Pour attirer plus de développeurs, la plupart des nouvelles blockchains leur permettent d’exécuter leurs applications dans des « machines virtuelles Ethereum ». Elles permettent la création de ponts vers la blockchain Ethereum. Certains grands noms adaptent également leur offre, à l’instar d’Amazon Web Services qui a adapté son service Amazon Managed Blockchain à Ethereum.

L’utilisation de la blockchain pourrait être la meilleure arme pour contrer les attaques sur nos données personnelles. La baisse du nombre de tokens, l’arrivée du NFT et de la DeFi, les modifications liées aux besoins des utilisateurs et à la consommation énergétique sont l’ensemble des raisons qui permettent de croire que la blockchain Ethereum sera au centre du web de demain, le web 3.0.