Américains et Européens se sont mis autour d’une table pour discuter de leurs objectifs communs dans le domaine technologique, tant au niveau commercial que technique. Le Trade and Technology Council s’est tenu le 29 septembre à Pittsburgh et a débouché sur une déclaration commune traçant les grandes lignes de la relation États-Unis-Union européenne (UE) autour des nouvelles technologies.
Chine, Intelligence artificielle, et semi-conducteurs…
La tenue de ce grand rendez-vous diplomatique est déjà une nouvelle en soi. Les responsables européens ont émis l’idée de l’annuler à la suite de la brouille entre la France et les États-Unis provoqués par l’annulation du « contrat du siècle », la vente de sous-marins tricolore à l’Australie.
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Finalement, la Vice-présidente star de la Commission européenne, en charge du numérique, Margrethe Vestager, a bien franchi l’Atlantique avec son collègue en charge de l’économie, Valdis Dombrovskis. Le côté américain était représenté par le Secrétaire d’État Antony Blinken et la Secrétaire au Commerce, Gina Raimondo. Plusieurs points centraux, liés aux enjeux internationaux du moment, se dégagent à l’issue de cette rencontre.
Le premier est un acteur tiers non nommé, mais très identifiable : la Chine. Le communiqué pointe « les pratiques commerciales déloyales, en particulier celles des économies non marchandes, qui sapent le système commercial mondial ». Ce n’est pas une nouveauté, l’accès très encadré et protégé au marché chinois, qui a permis au pays de développer un secteur technologique très performant, dérange.
Ensuite viennent les secteurs où une coopération est jugée essentielle. En premier lieu l’IA. L’importance de cette technologie est reconnue, mais le besoin de les développer et les mettre en œuvre dans le respect des droits de l’homme est souligné. L’Europe élabore justement à un texte visant à l’encadrer. Le secteur des semi-conducteurs, avec la pénurie mondiale est un point important, où les deux parties appellent à travailler ensemble pour renforcer leur écosystème respectif.
États-Unis et UE s’attachent à être plus attentifs au contrôle de leurs exportations de technologie sensible, en particulier celle à double emploi, dont l’utilisation peut être détournée à des fins criminelles ou militaires. Les maîtres mots de la rencontre sont technologies oui, mais dans un cadre sécurisé, respectueux des droits humains et civiques.
Les États-Unis et l’UE C-O-O-P-É-R-E-N-T
Après la rencontre au sommet, dix groupes de travail seront mis en place. Ils évoqueront les sujets mis en exergue par la déclaration commune et d’autres. Parmi les thématiques abordées : le développement de technologies propres, la lutte contre la désinformation la sécurité des données et la compétitivité des technologies de l’information et des communications, 5G, 6G, câbles sous-marins, cloud, centre de données, plateformes, le développement de normes internationales, etc.
Comme toute rencontre diplomatique, les sujets qui fâchent ont été mis de côté ou enrober de formules polies. Par exemple, la question d’un futur accord dérogatoire au RGPD entre les deux parties apparaît seulement en filigrane. Autre point édulcoré, la crainte américaine de voir les Européens punir ses géants du numérique laisse place à des propos centrés sur des valeurs communes à défendre et les points de convergences qui peuvent exister sur cette question.
Le texte le rappelle à plusieurs reprises, son objet n’est pas de porter préjudice à « l’autonomie réglementaire des États-Unis et de l’Union européenne ». La rencontre ne visait pas à aboutir à des résultats concrets, mais à définir les axes de coopérations à venir dans le secteur technologique entre le Vieux et le Nouveau Monde. Le prochain Trade and Technology Council doit se tenir au printemps 2022, en Europe cette fois.