Le ministère de l’Industrie et des technologies de l’information a réuni début septembre les grandes entreprises chinoises du numérique de mettre fin aux « jardins fermés », c’est-à-dire d’ouvrir ses services aux entreprises tiers. Tencent a été la première à s’exécuter, c’est maintenant à Alibaba de se conformer aux directives gouvernementales.

Pour les investisseurs, l’ouverture est une bonne nouvelle

Alibaba a décidé d’autoriser le service de paiement de Tencent, WeChat Pay, sur certaines de ses applications. Une décision courageuse, car WeChat est le plus gros réseau social chinois avec un milliard d’utilisateurs, une menace pour la super application de la filiale financière d’Alibaba, Alipay d’Ant Group. L’une des deux pourrait devenir hégémonique.

Le risque peut cependant se transformer en opportunité. En cassant les silos de Tencent d’un côté, Alibaba de l’autre, les deux entreprises peuvent gagner en nouveaux abonnés. C’est l’hypothèse privilégiée par les investisseurs puisque le cours de l’action d’Alibaba a bondi de 6,3% à Hong Kong le 28 septembre après cinq jours de baisse. Celle de Tencent a gagné 2,5%.

Pour le moment sont concernés : le service de livraison de nourriture ele.me, celui de vente de produit importé Kaola, de livres électroniques Shuqi, la billetterie Damai. Alibaba attend l’accord de Tencent pour son service de ventes d’occasion Idle Fish, et son épicerie Hema.

À cette liste, un grand absent, l’application phare d’Alibaba, la place de marché Taobao. Un porte-parole du service a ouvert la porte à l’arrivée de WeChat Pay avec prudence, il a déclaré « L’expérience des utilisateurs et la sécurité des transactions sont nos priorités directrices alors que nous travaillons activement à l’introduction progressive de plusieurs méthodes de paiement sur nos plateformes ».

Alibaba et Tencent, la libéralisation de leur écosystème jusqu’à quel point ?

Selon Bloomberg, Alibaba aurait tenté dès le début de l’année 2021 de mettre en place une application Taobao Deals lite sur WeChat, vraisemblablement sans succès. En septembre Tencent a autorisé les liens externes vers des contenus Douyin, l’équivalent de TikTok en Chine, propriété de ByteDance et vers Taobao.

Alibaba a fait savoir que la société « continuera à trouver un terrain d’entente avec nos pairs dans l’économie des plateformes afin de mieux servir les consommateurs chinois ». Tencent de son côté portait un discours similaire. La question est de savoir si l’entreprise ira jusqu’à autoriser, de son côté, Alipay sur ses services. En cas de refus de pousser la logique de l’ouverture jusque-là, des tensions pourraient naître entre les deux géants chinois avec Pékin pour arbitrer.