À l’occasion de la tenue de l’Intelligent World 2030 Forum, Huawei a publié une étude intitulée « Communications Network 2030 » dans laquelle le géant chinois livre sa vision de l’écosystème de la donnée en 2030. Ce rapport permet de se projeter sur le monde technologique dans lequel nous vivrons dans moins de dix ans. Les prévisions de Huawei sont hallucinantes : 200 milliards de connexions mondiales et le passage symbolique du yottaoctet (1 000 milliards de téraoctets) de données générées chaque année.

La nécessaire évolution des réseaux de communication

Selon Huawei, une transformation numérique vers plus d’intelligence est en marche. La Chine, l’Union européenne et les États-Unis ont justement publié leurs visions respectives dans ce domaine. L’Union européenne prévoit notamment que 75% des entreprises européennes auront adopté des services de cloud, de big data et d’intelligence artificielle. La quasi-totalité (90%) des entreprises pourraient également atteindre un niveau de base sur des sujets qui touchent au numérique. De son côté, le National Science Board (NSB), une agence gouvernementale américaine, recommande d’augmenter les investissements dans les données et l’intelligence artificielle pour maintenir et renforcer la compétitivité des États-Unis dans l’économie numérique.

On peut lire dans le rapport de Huawei que : « depuis l’invention du télégraphe par Samuel Morse en 1837, les réseaux de communication ont parcouru un long chemin, passant de la connexion des individus et des foyers à celle des organisations. Dans l’environnement actuel, caractérisé par la diversité et l’évolution rapide des services, les réseaux de communication doivent innover en permanence pour répondre aux besoins des clients ». Tout va très vite et vraisemblablement, tout va encore aller beaucoup plus vite. Huawei prévoit que dans un avenir proche, les réseaux connecteront les personnes à leurs véhicules ou à l’ensemble de leurs appareils ménagers.

D’ici 2030, les entreprises vont faire évoluer leurs réseaux

Les différentes études sur l’évolution du numérique convergent toutes vers le fait que les besoins des entreprises évoluent et que les réseaux de communication devront rapidement passer de la 5G à la 6G pour faire face à cette évolution. Nous y sommes quasiment déjà : LG a récemment réussi une première transmission extérieure. L’IPv4 devient l’IPv6+ et les véhicules autonomes autorisés à circuler vont passer du niveau 2 au niveau 5. De nouveaux usages vont apparaître et l’évolution des réseaux de communication est la clé de voûte qui peut permettre d’aborder cette transformation dans les meilleures conditions. Comme le précise Huawei dans son rapport, pour que les industries se modernisent, les entreprises doivent d’abord faire évoluer leurs réseaux.

Le gouvernement chinois parle notamment du développement de l’Internet industriel. Dans son plan pour 2023, Pékin propose par exemple d’accélérer le développement en réseau des équipements industriels, de piloter la mise à niveau de l’Intranet des entreprises et de promouvoir l’intégration des réseaux de technologies de l’information et des réseaux de technologies opérationnelles. L’Union européenne estime que l’IA, la 5G et l’IoT sont des éléments clés des futurs réseaux industriels. Bref, les industries adoptent de plus en plus de technologies intelligentes. Les opérateurs télécoms sont mis à contribution pour exploiter le plein potentiel des réseaux de télécommunication.

« Sans les réseaux, l’innovation numérique est impossible »

D’après Huawei, les réseaux de communication de 2030 présenteront certaines caractéristiques essentielles. Nous nous dirigeons vers une capacité de 10 gigabits/seconde (contre 1 gigabit/seconde avec la 5G) rendue possible grâce à la 6G, et le Wi-Fi 8. Huawei prévoit que l’utilisation mensuelle moyenne des données par les personnes sur mobile sera multipliée par 40, pour atteindre 600 Go en 2030. Dans moins de 10 ans, la pénétration du très haut débit par fibre dans les foyers, une technologie capable d’atteindre du 10 gigabits/seconde, devrait atteindre 55% dans le monde.

Une telle évolution technologie favorisera très certainement une flambée de la consommation. Les équipementiers, comme Huawei, devront ainsi relever de nouveaux défis. Selon le président de Huawei France, Weiliang Shi : « tout d’abord, la complexité des infrastructures IoT rendra indispensable la construction de réseaux plus intelligents. Ensuite, les nouveaux usages industriels et agricoles mais aussi les véhicules autonomes exigeront des opérateurs qu’ils améliorent la couverture, la qualité, la sécurité et la fiabilité de leurs réseaux. Sans les réseaux, l’innovation numérique est impossible. C’est pourquoi Huawei s’engage à collaborer avec tout son écosystème pour faire du réseau du futur une réalité ».

Huawei veut développer un réseau haut débit cubique

Dans son rapport, l’entreprise chinoise présente également une évolution probable pour les réseaux de télécommunication avec ce que les ingénieurs de Huawei appellent un « un réseau haut débit cubique ». Concrètement, la couverture ira au-delà du sol, dans l’air et dans l’espace. C’est déjà quasiment le cas avec les avancées technologiques opérées par SpaceX et le réseau de satellites Starlink. Dans le courant des 10 prochaines années, de telles évolutions permettront de voir apparaître des milliers de drones volant à moins d’un kilomètre du sol, des avions à 10 kilomètres ou encore des engins spatiaux en orbite terrestre basse, à plusieurs centaines de kilomètres du sol.

Le rapport détaille également comment les liaisons inter-satellites et l’accès satellite-terrestre, vont évoluer. Huawei affirme que nous allons voir apparaître de nouvelles technologies d’interface radio avec une grande latence et de très hautes performances. Des technologies anti-interférences, une nouvelle législation permettant une prise de décision rapide en réponse à des volumes massifs de demandes de commutation, et à des commutations complexes. On peut également lire que : « les liaisons inter-satellites utiliseront des technologies de faisceaux lumineux pour supporter une bande passante de plus de 100 gigabits/heure ».

L’Internet industriel est déjà en marche

Comme le disait William Gibson, célèbre romancier de science-fiction : « le futur est déjà là. C’est juste qu’il n’est pas encore totalement accessible ». Un exemple concret : la réalité augmentée a été inventée par la Royal Navy il y a 60 ans et utilisée dans des avions de chasse bien avant d’être accessible au grand public. Ce n’est que dans les années 1980 que le MIT a commencé à travailler à des utilisations de la réalité augmentée pour le grand public. L’Internet industriel est en marche.

Le géant chinois affirme qu’au cours des dix prochaines années, l’intelligence artificielle sera intégrée à toutes les couches de l’architecture des réseaux, ce qui permettra leur évolution. Pour résumer, en 2030 l’architecture du réseau de communication devrait évoluer vers un réseau haut débit cubique à large bande, une IA native, plus de sécurité et de fiabilité et des réseaux à faible émission de carbone.

Les chercheurs de Huawei rappellent que : « la prochaine décennie va être le théâtre de nouvelles inventions, mais aussi de grandes incertitudes. Tous les acteurs du secteur doivent travailler ensemble pour explorer de nouvelles orientations technologiques et faire de la vision du réseau de communications de 2030 une réalité ».