Karl Racine, procureur général de l’État de Washington D.C., a porté plainte contre Amazon en mai 2021 pour pratique anticoncurrentielle à cause de la relation du géant avec les vendeurs tiers de sa place de marché. Le 13 septembre, le procureur a décidé d’élargir son action en justice pour y inclure les grossistes.

Amazon accusé de s’assurer une marge minimale

Le procureur général n’y va pas par quatre chemins pour expliquer sa décision, « nous savions que le comportement anticoncurrentiel d’Amazon avait une grande portée et grâce à notre enquête, nous réalisons à quel point », a-t-il déclaré.

Dans le viseur de l’action en justice, les « Accords de marge minimale » que passe Amazon avec ses vendeurs de première main. Contrairement aux vendeurs tiers de sa place de marché, les grossistes vendent leurs produits à Amazon et l’entreprise se charge ensuite de tout le processus de vente au détail.

Selon la plainte, Amazon s’assure un profit minimum par contrat lors de ses achats. Ces accords lui permettraient de baisser ses prix pour battre ses concurrents et obligeraient parfois les grossistes à compenser un manque à gagner.

Pour Karl Racine, cette pratique contraint les vendeurs de premières mains à répercuter leurs pertes sur les concurrents d’Amazon, créant ainsi une distorsion de la concurrence. Il a expliqué que cette pratique « entraîne une réduction de la concurrence entre les places de marché en ligne et des prix plus élevés pour les consommateurs ».

La procédure du procureur général de Washington est l’une des plus avancées

Des accusations très similaires à celle de la première version de la plainte concernant les vendeurs tiers. Amazon y est accusé de contraindre ces derniers, pourtant indépendants, à pratiquer des prix plus faibles sur sa place de marché qu’ailleurs s’il souhaite continuer d’y avoir accès.

Le géant du numérique a répondu au Washington Post, propriété de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, en le redirigeant vers sa réaction de mai. Jack Evans, porte-parole, avait ironisé sur la décision de Karl Racine, « La réparation demandée par le procureur général obligerait Amazon à proposer des prix plus élevés aux clients, ce qui va étrangement à l’encontre des objectifs fondamentaux de la loi antitrust ». Il assure que les vendeurs dans leur ensemble fixent leurs propres prix à Amazon.

Les enquêtes antitrust contre Amazon se multiplient le plus souvent autour des pratiques de l’entreprise vis-à-vis de sa place de marché. La Federal Trade Commission, le Congrès, les procureurs généraux du Massachusetts, de Pennsylvanie, New York, Californie sont en train de scruter Amazon. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Europe n’est pas en reste, la Commission a lancé une seconde enquête contre Amazon pour abus de position dominante. Pour l’instant, l’entreprise de Jeff Bezos s’en tire plutôt bien, mais pour combien de temps encore ?