Sur les réseaux sociaux, une campagne de désinformation orchestrée par le gouvernement chinois accuse les États-Unis d’être à l’origine de la pandémie de Covid-19. Plusieurs pays sont ciblés et la campagne a même été dupliquée dans de nombreuses langues.

De Twitter à Facebook, la campagne de désinformation pro-chinoise se répand

Initialement, cette campagne publicitaire de désinformation visait à discréditer le mouvement démocratique de Hong Kong. Découverte en 2019 par des experts en cybersécurité de la société FireEye et de Google, son message a évolué. À travers cette campagne, la Chine s’attaque directement aux États-Unis, en incitant même les internautes à aller manifester contre l’administration Biden. De Twitter à Facebook, des dizaines de milliers de personnes ont été touchés à travers le monde.

Une technique de propagande internationale, largement utilisée par la Russie depuis des années, mais plus rare du côté du gouvernement chinois. Au-delà des États-Unis, la campagne a même visé des pays comme l’Argentine, la Russie ou encore l’Allemagne. Dans le message, la campagne de désinformation laisse penser qu’une nouvelle forme de Covid-19 est apparue aux Etats-Unis, avant d’arriver en Chine, et qu’il aurait même été développé par l’armée américaine.

Dans son billet de blog, FireEye précise que : « la campagne de désinformation ne se déroule pas seulement sur les trois grands médias sociaux, mais sur au moins 30 plateformes et des dizaines de sites web et de forums. Aussi, la tentative de mobiliser physiquement les manifestants aux États-Unis montre que les acteurs de cette campagne commencent peut-être à explorer des moyens d’influence plus directs et peut être le signe d’une intention émergente de motiver une activité réelle en dehors des territoires de la Chine ».

L’action est cohérente avec les autres efforts de propagande mis en place par Pékin

Les fausses informations diffusées sur ces comptes pro-chinois ne concernent pas que la pandémie de Covid-19. En effet, certains messages décrédibilisent un dissident en fuite chinois du nom de Guo Wengui, ainsi que l’ancien stratège de Donald Trump Steve Bannon. Les chercheurs de FireEye précisent que : « nous avons observé une vaste promotion de contenus en russe, en allemand, en espagnol, en coréen et en japonais sur des plateformes basées ou non aux États-Unis, en plus des fausses informations diffusées en anglais et en chinois ».

Un faux compte qui diffuse du contenu sur LiveJournal et sur Twitter. Image : FireEye

Sans grande surprise, de nombreux messages font écho aux affirmations des médias chinois contrôlés par l’État. La campagne est parfaitement cohérente avec les autres efforts de propagande mis en place par le gouvernement. Pour le moment les chercheurs n’ont pas la preuve de l’implication de Pékin, mais cela ne fait aucun doute.

L’ambassade de Chine à Washington n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Sur YouTube, un millier de chaînes liées à cette campagne sont supprimées tous les mois. Comme le précisent les chercheurs : « la qualité des contenus s’améliore, avec des vidéos en plus haute résolution et des sous-titres plus précis, ce qui suggère un investissement à long terme ».

De faux comptes sur VKontakte partagent en russe un faux message diffusé initialement sur Twitter. Image : FireEye