Nayib Bukele, président du Salvador, a largement contribué à faire de son pays le premier à rendre le Bitcoin légal. La loi adoptée en juin au parlement est entrée en vigueur ce mardi 7 septembre. Une opération ardemment commentée par le président sur Twitter.

Nayib Bukele surexcité par l’entrée en vigueur de la loi

Nayib Bukele a annoncé la veille de l’entrée en vigueur de la loi l’achat de 400 Bitcoins d’une valeur de 20,9 millions de dollars au moment de l’annonce. Une application portefeuille a été mise en place, Chivo, auquel les citoyens pour s’inscrire avec une simple pièce d’identité pour réaliser leurs transactions.

Chaque nouvel inscrit bénéficiera de 30 dollars en guise de bienvenue. L’objectif est transparent : favoriser l’adoption de la cryptomonnaie. Malheureusement pour Nayib Bukele, Chivo a eu des petits soucis à l’allumage. Chivo était indisponible sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google suscitant la colère du président sur Twitter. Elle a fini par arriver sur l’App Gallery de Huawei, mais a dû être temporairement déconnectée ensuite.

Depuis le 7 septembre les Salvadoriens peuvent payer leurs contributions fiscales en Bitcoin, les commerçants afficher la cryptomonnaie aux côtés du dollar américain qui a cours sur place. Également, les échanges en Bitcoin ne seront pas soumis aux impôts sur les plus-values.

Avec cette mesure, le gouvernement espère favoriser l’inclusion financière des Salvadoriens. 70% d’entre eux n’ont pas accès aux services traditionnels. Le but est aussi de faciliter le transfert d’argent depuis l’étranger. 24% du PIB du pays repose dessus selon la Banque mondiale. Le 31 août, le parlement a voté la création d’un fonds de 150 millions de dollars pour faciliter les conversions de Bitcoin en dollars.

Le Bitcoin fait peur au Salvador et à l’étranger

L’enthousiasme du président, régulièrement jugé autoritaire et peu scrupuleux sur la séparation des pouvoirs par son opposition, n’est pas partagé par tous. L’AFP, via Le Monde, signale un sondage de l’Université d’Amérique centrale où 65,2% des Salvadoriens interrogés étaient en désaccord avec l’arrivée du Bitcoin. Malgré la popularité de Nayib Bukele.

Une partie des personnes sollicitées craignait de ne pas savoir l’utiliser. Une mobilisation de plusieurs centaines de personnes s’est réunie à San Salvador, la capitale du pays, pour demander au parlement de revenir sur sa décision.

À l’étranger, l’adoption du Bitcoin comme monnaie légale est aussi perçue avec inquiétude. La Banque mondiale a refusé d’aider le pays à concrétiser l’opération. Des économistes, le Fonds Monétaire Internationale (FMI), Banque interaméricaine du développement ont affiché leur scepticisme.

La volatilité non maîtrisée du Bitcoin est à l’origine de ces doutes. Le succès ou l’échec de la législation voulu par le président du Salvador sera scruté avec attention dans les mois et années à venir.