Tianjin une ville de 14 millions d’habitants située au sud de Pékin, a pris la décision de contraindre à toutes les entreprises rattachées à sa Commission chinoise d’administration et de supervision des actifs publics (SASAC) à utiliser un service cloud administré par le pouvoir public. L’utilisation d’un service privé sera prohibée.

Pékin mène décidément la vie dure à ses géants technologiques

Dans un document daté du 12 août, les autorités de Tianjin énumèrent les interdits pour les entreprises publiques de sa municipalité. Elles ne pourront pas construire leur propre datacenter, ni acheter du matériel de stockage. Surtout, elles ont l’interdiction de renouveler ou signer un contrat avec les services cloud Huawei, Alibaba, Tencent, China Unicom, China Mobile, et China Telecom.

Il est écrit que « Les données des entreprises d’État sont des biens d’État et doivent être mises sous surveillance ». Le document n’est pas limpide sur la plateforme par laquelle il faudra désormais passer, d’autant que les trois opérateurs publics en sont manifestement exclus. Dans le document il est simplement désigné sous le terme « guoziyun », ou « cloud des actifs de l’état », il sera probablement lié à la SASAC de Tianjin. Cette décision fait néanmoins suite à une prise de position du Parti Communiste Chinois estimant que la data aussi importante que le « pistolet » et la « plume ».

Cette décision est un nouveau coup dur pour Alibaba et Huawei, déjà malmenés par Pékin. Alibaba a prévu en 2020 d’investir 28 milliards de dollars dans le cloud d’ici 2023, tandis que Huawei souhaite se hisser sur le podium des plus grands fournisseurs de cloud d’Asie.

Tianjin, n’est pas n’importe quelle ville

Le problème c’est que Tianjin n’est pas seulement la quatrième municipalité de Chine en nombre d’habitants, c’est aussi l’une des quatre villes contrôlées directement par le pouvoir central. Dans le document du 12 août consulté par Reuters il est précisé que la SASAC de la municipalité suivait les instructions du Conseil d’État chinois.

Il y a de bonnes raisons de redouter une extension de la mesure à d’autres provinces du pays même si cela ne semble pas se profiler dans l’immédiat. La SASAC en Chine représente 97 entreprises parmi lesquels China National Petroleum ou China Mobile. Elles représentent au total 10,8 milliards d’actifs, un marché non négligeable qui pourrait filer sous le nez d’Alibaba, Huawei, Tencent…

Le transfert serait en train d’être mis en place, les travaux préparatoires étaient censés s’achever en août. Les entreprises publiques dépendant du SASAC de Tianjin auront jusqu’en 30 septembre 2022 pour transvaser l’intégralité de leurs données sur le cloud dédié.