Le lobbying européen ne s’est jamais aussi bien porté… En effet, les grandes entreprises technologiques décident d’y consacrer des sommes records depuis plusieurs mois pour tenter d’aller encore plus loin dans leur stratégie d’influence. 97 millions d’euros ont été dépensés dans le lobbying européen, dans l’objectif de faire pression sur les institutions européennes. En tête de cortège, nous retrouvons Google, Facebook et Microsoft.

La tech est désormais l’industrie qui a le plus de pouvoir

Une étude (pdf) réalisée par Corporate Europe Observatory (CEO) et LobbyControl, sortie le 30 août 2021, fait état de l’évolution du lobbying en Europe depuis que les géants technologiques sont mis sous pression par Bruxelles. Depuis plusieurs mois, les institutions européennes ont décidé de sanctionner les géants du web dans le cadre d’abus antitrust. Pour tenter de palier la stratégie de Bruxelles, les grandes entreprises technologiques ont donc décidé de consacrer plus d’argent aux stratégies d’influence et au lobbying européen.

Les données publiques disponibles dans le registre de transparence tenu par la Commission européenne, ont servi de base à la réalisation de cette étude. Les deux organismes ont cherché à répertorier et à identifier les organisations qui cherchent à influencer le processus législatif en Europe. Ce qui est frappant, c’est que l’étude montre que le secteur de la tech a désormais plus de pouvoir de lobbying que les industries pharmaceutiques, automobile et financière. Des secteurs habituellement très puissants dans le lobbying. Pourtant, la situation a poussé les acteurs de la tech à se réveiller.

Pourquoi les géants de la tech se réfugient-ils dans le lobbying européen ?

Comme le montre l’étude, le lobbying européen dans le secteur de la tech est dominé par quelques entreprises bien connues du grand public. Il s’agit de Google, Facebook, Microsoft, Apple, Huawei, Amazon, IBM, Intel, Qualcomm et Vodafone. Ces seules entreprises ont dépensé près de 32 millions d’euros dans les stratégies d’influence au niveau européen. Près d’un tiers des dépenses totales, sur les 612 entreprises qui ont participé au lobbying européen. Les auteurs de l’étude constatent que des entreprises qui investissent dans le lobbying européen sont basées aux États-Unis.

La répartition des sommes versées dans le lobbying européen. Capture d’écran : Corporate Europe Observatory

Cette augmentation record n’est pas vraiment une surprise pour les experts du sujet. Les géants technologiques sont clairement dans le viseur des autorités européennes qui tentent de les réguler à coups de sanctions antitrust. En ce moment, Google tente par exemple de contester l’amende de 4,3 milliards d’euros infligée par l’Union européenne. Amazon fait également l’objet d’une enquête pour abus de position dominante et plus globalement, la Commission européenne cherche à réguler l’espace numérique avec le Digital Services Act et le Digital Market Act, impulsés par Thierry Breton et Margrethe Vestager.