Un rapport de Facebook met la lumière sur les contenus les plus populaires durant le deuxième trimestre 2021. Les posts rencontrant la plus grande audience sur le réseau social présentent des contenus ayant déjà fait l’objet de publications, comme des mèmes, des challenges internet ou des phrases philosophiques. Sur les 20 publications les plus vues, seulement quatre proposent du contenu original. Pour le reste, le contenu a juste été à nouveau téléchargé sur Facebook.

Sur ce deuxième trimestre, le post le plus visionné est une image présentant des lettres mélangées dans lesquelles l’internaute cherche des mots. « Les trois premiers sont ta réalité », indique la publication. Publié il y a plus d’un an, le post a été vu par plus de 80,6 millions de personnes. Cette même image avait été publiée deux semaines plus tôt sur un compte Twitter.

Le premier contenu exclusif du classement est signé Joe Biden

La seconde image la plus visionnée est un challenge invitant les internautes à publier une photo d’eux avec 30 ans de moins. Elle comptabilise 61,4 millions de vues depuis sa publication en avril 2021. Les premières images de ce challenge remontent au moins à octobre 2020. Le contenu est donc encore une fois loin d’être original.

Pour clôturer le podium, le troisième post le plus vu a été publié par une page d’une émission matinale populaire au Texas. Il demande aux internautes : « Quelle est la chose que vous ne nous mangerez jamais, même si vous avez très faim ? ». Différentes variantes de cette question circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années.

Le point commun entre ces différents contenus est l’appel à l’action des publications : question, demande d’avis, challenge etc.

Il faut attendre la sixième place du classement pour trouver du contenu original avec un post de Joe Biden qui a accumulé 52,8 millions de vues. Néanmoins, la publication semble avoir été postée depuis Twitter. Tout comme les autres publications du classement qui présentent du contenu fortement inspiré par des posts Reddit, Quora ou Twitter.

Des mèmes sur Facebook… Alors quoi ?

Réutiliser des mèmes et autres contenus déjà publiés peut sembler anodin pour les réseaux sociaux, voire être leur essence. Là où des questions se posent c’est quand cela est fait par des bots. Ce fut le cas en 2016 lors de l’élection présidentielle de Donald Trump. L’Internet Research Agency, une organisation russe de diffusion de propagande sur Internet, avait créé de nombreux faux profils partageant des mèmes politiques dans le but de diviser l’opinion publique.

Ce type de contenu apporte une grande visibilité et permet d’atteindre une audience large tout en étant très simple à produire et à diffuser. Il suffit de reprendre un mème, une image ou une question qui cartonne, la poster, et attendre les réactions des internautes. À noter que depuis l’élection de 2016, Facebook a pris une série de mesures visant les comptes dont l’identité des créateurs est suspecte. Parmi elles, la politique de « construction abusive d’audience » qui vise les pages changeant trop régulièrement leurs noms et les sujets qu’elles traitent dans le but d’augmenter leurs abonnés.

Au-delà d’un avantage lié à la visibilité, certaines pages cherchent une plus-value financière. Une manière de parvenir à cette fin est de simplement mettre un lien redirigeant vers une offre commerciale dans les publications partageant des mèmes. Ainsi, un des liens les plus partagés sur Facebook, avec 37 millions de vues, renvoie vers un site pour acheter des drapeaux en mémoire des vétérans du Viêt Nam. Plusieurs pages Facebook partagent ces mèmes accompagnés du fameux lien : « Iraq and Afghanistan Veterans », « Vietnam Veterans » et « Desert Storm Veterans ». Ces pages publient à peu près toutes les heures.

YouTube incarne le nom de domaine ayant le plus de visibilité sur Facebook

« Ils tirent profit de la mort et de la souffrance des membres des forces armées », a déclaré Kristofer Goldsmith qui travaille sur les influences exercées sur les anciens combattants. Les personnes étant derrière les comptes ne sont pas connues, une pratique contraire à la politique de Facebook. « En tant que personne qui essaie de faire comprendre à Facebook que cette situation est néfaste pour ma communauté depuis trois, voire quatre ans maintenant, je suis très contrarié de devoir continuer à faire cela », déplore Kristofer Goldsmith. Les pages Facebook concernées n’ont pas répondu à la demande de commentaire de The Verge.

Le rapport de Facebook manque de précision, notamment sur le classement des noms de domaine où YouTube, Amazon et Twitter se positionnent dans les cinq premières places. Compte tenu de la popularité de ces plateformes et de la diversité de contenus qu’elles proposent, peu d’informations peuvent ressortir de ce classement. Parmi les noms de domaines les plus vus sur Facebook se trouve celui de l’Unicef. L’agence des Nations unies se hisse parmi les cinq premières places. Une situation due aux nombreux contenus publiés au sujet de la pandémie de Covid-19. Le rapport ne permet pas de mesurer la diffusion de fausses informations liées à la situation sanitaire ou sur les mouvements antivaccins.

The Verge a contacté Facebook à propos de ces rediffusions de contenus. Le réseau social explique que ces types de posts n’enfreignent pas sa politique. Néanmoins, ce genre de publications peuvent être supprimées dans le cas où elle présente un contenu trompeur, comme un faux nom d’auteur.