« Les données sont cruciales pour que le parti dirige le pays sur le long terme et dans la stabilité, ainsi que pour la compétitivité internationale de la Chine », soutient Ou Li, président du groupe Hualu, dans un article publié sur le site du Parti communiste chinois rapporté par South China Morning Post. Pour l’homme d’affaires, les données incarnent un levier politique aussi important que le « plume », sous entendu les médias, et que le « pistolet », sous entendu l’armée.

Des lois visant les données pour accroître la mainmise de Pékin sur le numérique

Hualu est une entreprise d’État spécialisée dans l’enregistrement audio. En 2018, lors d’une visite officielle de Kim Jong-un en Chine, Xi Jinping avait fait visiter les locaux de Hualu à la délégation nord-coréenne.

Cette déclaration intervient peu de temps avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur la sécurité des données le 1er septembre 2021. Dorénavant, les données des plateformes numériques privées doivent être transférées vers une infrastructure contrôlée par la Commission chinoise d’administration et de supervision des actifs publics (SASAC). Le contrôle des données des géants chinois de la tech passe donc des mains des entreprises à celles du gouvernement.

Cette loi, vantée dans l’article de Ou Li, résulte d’une longue quête de l’État chinois pour récupérer les données des entreprises. Le secteur de la fintech a particulièrement été visé. De fait, les données bancaires reflètent les habitudes de consommation, ce qui est particulièrement stratégique pour le pays du crédit social. Ainsi, deux lois sont passées cette année : une sur la sécurité des données et une autre sur la protection des données personnelles. Les activités boursières des géants de la tech ont également été largement visées. Une loi interdisant les introductions en Bourse aux États-Unis pourrait passer d’ici la fin de l’année.

Récemment, Xi Jinping s’est félicité de la progression de sa campagne visant à « empêcher l’expansion irrationnelle des capitaux » en luttant contre la « croissance barbare » du secteur du numérique. Le président de la République populaire de Chine a déclaré que les efforts doivent être poursuivis pour « guider les entreprises pour qu’elles obéissent à la direction du Parti ». La quête chinoise ne semble donc pas encore accomplie.

Selon un chiffre rapporté par South China Morning Post, qui compte à son actionnariat Alibaba, les différentes actions entreprises par le gouvernement chinois dans le secteur du numérique ont fait perdre près de 1 000 milliards de dollars aux entreprises.