Hiroaki Kitano, directeur de la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) chez Sony, ambitionne de créer une IA capable de faire de la recherche scientifique d’ici 2050. Le chercheur aspire même à créer un concours Nobel Turing (pdf). Si le prix Nobel est largement connu, l’ajout du deuxième terme vient du mathématicien Alan Turing qui explorait dans les années 50 si une machine pouvait penser ou non. En d’autres mots, ce prix serait consacré à des travaux de recherches appuyés par des IA.

L’IA scientifique « fera passer la biologie et d’autres sciences à une étape supérieure »

« L’IA scientifique générera et vérifiera autant d’hypothèses possibles, conduisant à des découvertes majeures ou en fournissant une base pour la recherche. La capacité à générer des hypothèses de manière exhaustive et à les vérifier efficacement constitue le cœur du système », explique Hiroaki Kitano rapporté par Engadget. « Dans un premier temps, il s’agira d’un ensemble d’outils pratiques qui automatisent une partie du processus de recherche, autant pour les expériences que pour l’analyse des données », poursuit le chercheur.

Les algorithmes dits d’IA boostent déjà la recherche scientifique grâce à leur capacité à traiter un grand nombre de données. Ainsi, NVIDIA et Harvard ont développé une IA capable d’exécuter des expériences sur des cellules rares et uniques. Cette IA a séquencé un génome en une trentaine de minutes alors que les méthodes traditionnelles nécessitent un peu plus de deux jours.

Une autre IA, programmée par la startup Insilico Medicine en partenariat avec l’Université de Toronto, a créé un médicament en 46 jours. Autre exploit, un programme spécialiste des fluides a réalisé près de 100 000 expériences en un an.

Si ces IA traitent un grand nombre de données elles sont encore loin d’être autonomes et donc de pouvoir faire de la recherche. Une situation que Hiroaki Kitano compte changer avec une « forme hybride de science qui fera passer la biologie et d’autres sciences à une étape supérieure », écrit-il dans Nature. « La valeur repose sur le développement de machines capables de faire des découvertes de manière continue et autonome », soutient le directeur de la recherche de Sony.

Recherches faites par des IA scientifiques, à qui appartiennent les découvertes ?

« Ces IA scientifiques seront capables d’expliquer les mécanismes derrière leurs découvertes », affirme le chercheur. Un point de taille car « il y a des chances que des découvertes ne soient pas immédiatement comprises par les scientifiques humains », note le chercheur.

Le niveau d’autonomie des IA augmentera avec la possibilité de générer davantage d’hypothèses et de vérifications. « Néanmoins, elles resteront un outil ou un compagnon pour les scientifiques humains, du moins dans un avenir proche », nuance Hiroaki Kitano. Aujourd’hui, les IA visent davantage à dégager du temps aux chercheurs afin qu’ils se focalisent sur les pistes à creuser et les stratégies à adopter.

Les IA scientifiques vont poser plusieurs questions, notamment l’attribution de la découverte. Revient-elle au développeur informatique, à l’entreprise propriétaire du programme d’IA ou encore au scientifique humain travaillant sur son appui ? En août, pour la première fois le statut d’inventeur à été attribué à l’IA Dabus.