À travers un courriel que s’est procuré le site POLITICO, Nokia a annoncé à l’alliance O-RAN qu’il n’avait « d’autre choix que de suspendre toutes [ses] activités techniques ». C’est la crainte de sanctions américaines, liées à des entreprises chinoises, présentent au sein de l’alliance, qui aurait poussé Nokia à se mettre en retrait.

L’intérêt de Nokia pour l’Open-RAN

L’alliance O-RAN travaille sur des solutions Open-RAN (Open Radio Access Networks). Ce mouvement vise à rendre le matériel, les logiciels, en l’occurrence 5G, opérables avec plusieurs fournisseurs différents. Le but, selon un communiqué de plusieurs opérateurs européens, est de « construire des réseaux mobiles plus flexibles et agiles à l’ère de la 5G ». Il s’agirait d’une étape « vers la création d’un écosystème de fournisseurs variés et plus dynamique ».

Naturellement désirée par les opérateurs afin de réduire la dépendance aux fournisseurs Ericsson, Nokia et Huawei, l’entreprise finlandaise s’est aussi intéressée à l’Open-RAN. Il est le premier fournisseur à l’avoir fait. Aujourd’hui Nokia fait machine arrière ou plutôt se met « en pause » c’est parce que « certains participants ont été ajoutés à la liste des entités américaines et il est prudent pour nous de laisser à l’Alliance le temps d’analyser la situation et de trouver une solution ».

La société de puces Kindroid et Phytium, spécialisée dans les supercalculateurs, toutes deux Chinoises, ont été placées sur la liste noire Américaine, sur laquelle se trouve également Huawei. Une troisième entreprise, Inspur, un fabricant de serveurs, a été visé par un décret américain datant de juin, il interdit les investissements dans des technologies chinoises sensibles.

Quelque 200 entreprises potentiellement en infraction avec les règles américaines

Ces entreprises sont, aux yeux des États-Unis, des menaces pour leur sécurité nationale. Les entreprises ont l’interdiction de mener des affaires avec, sous peine de sanctions. Une situation problématique lorsqu’une entreprise comme Huawei est membres d’organisations normatives clefs telles que l’European Telecommunications Standards Institute (ETSI), l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), rattaché à l’ONU. Dans ces cas précis, Washington a accordé des licences aux entreprises pour autoriser la collaboration.

L’Alliance O-RAN ne rentre pas, pour le moment dans les organisations pour lesquels les États-Unis accordent une licence. Théoriquement quelque 200 entreprises se retrouvent dans une position délicate et non des moindres : Orange, Vodafone, Facebook, Microsoft, Intel, Cisco… En se mettant temporairement en retrait de l’alliance, Nokia est susceptible de faire bouger les lignes, de convaincre Washington de céder une précieuse licence aux entreprises concernées.