Samsung Group, le géant technologique sud-coréen, a annoncé mardi qu'il allait investir 175 milliards d’euros au cours des trois prochaines années. Objectif : devenir le leader dans la fabrication de semi-conducteurs et renforcer sa présence mondiale dans les produits biopharmaceutiques, l’intelligence artificielle, les télécommunications de nouvelle génération et la robotique.
Un investissement hors norme
Le groupe Samsung a dévoilé mardi un plan d’investissement de 175 milliards d’euros impliquant l'embauche de 40 000 personnes sur trois ans. Ce projet spectaculaire permettra d'« aider Samsung à renforcer sa position globale dans des secteurs industriels clefs tout en étant le fer de lance de l'innovation dans de nouveaux domaines », a affirmé le groupe dans son communiqué. Sur les 175 milliards de dollars que Samsung projette de dépenser, la société engagera 131 milliards d’euros en Corée du Sud créant ainsi près 10 000 emplois supplémentaires en plus des 30 000 déjà prévus. Il permettrait par ailleurs 560 000 embauches dans les industries liées à celle de Samsung.
L'investissement sera mené par les filiales de Samsung, notamment Samsung Electronics et Samsung Biologics. Elles utiliseront cette grosse enveloppe dans des domaines tels que les télécommunications, la robotique, les biotechnologies ainsi que l'acquisition d'entreprises pour faire de la société un leader dans les industries d'importance stratégique, capable de face aux « grands changements dans l'industrie, l'ordre international et la structure sociale attendus après la pandémie de Covid-19 », a fait savoir sa direction.
Mr Lee de retour aux commandes
Cette annonce intervient quelques jours après la libération conditionnelle le 13 août dernier du vice-président de Samsung Electronics, Jay Y. Lee, reconnu coupable d'avoir utilisé des pots-de-vin pour obtenir un soutien à sa succession officielle au sein du conglomérat. Une libération conditionnelle que le ministère de la Justice a attribuée en partie à des « facteurs économiques » et qui a suscité l’indignation des activistes, affirmant qu'elle était la preuve d'un traitement préférentiel pour la puissante classe de magnats connue sous le nom de chaebol.
De gauche à droite : Dong Jin Koh, président et directeur général de la division IT&Mobile Communications chez Samsung Electronics ; Jay Y. Lee, vice-président chez Samsung Electronics ; Thomas Bach, président du CIO ; Tsunekazu Takeda, président de la commission marketing du CIO. Photographie : Samsung.
De nombreux chefs d'entreprise et politiciens ont effet demandé à libérer Mr Lee estimant que depuis son départ, Samsung n'a pas pris de grandes décisions stratégiques et a retardé ses investissements, permettant à ses concurrents de prendre de l'avance dans un contexte de pénurie historique de puces qui a placé les semi-conducteurs en tête des priorités nationales.
Les semi-conducteurs, un marché d’importance stratégique
L'industrie des semi-conducteurs en Corée du Sud ne représente pas moins de 19,3 % des exportations du pays en 2020. Un marché particulièrement stratégique alors que la concurrence s’intensifie fortement depuis la pénurie.
« Le secteur des puces est la plaque de sécurité de l'économie coréenne (...) Notre investissement agressif est une stratégie de survie car une fois perdue notre compétitivité, il est presque impossible de la retrouver », a souligné le groupe dans le communiqué Samsung doit en effet faire face à la concurrence accrue de TSMC qui domine actuellement le secteur de la fonderie et qui prévoit d'investir 100 milliards de dollars dans des capacités de production de puces supplémentaires au cours des trois prochaines années. Mais aussi d’Intel qui a récemment sorti les crocs en annonçant revenir dans la course de la fabrication de puces pour d'autres entreprises et étudie la possibilité de racheter GlobalFoundries Inc. pour un montant d'environ 30 milliards de dollars.
Le conglomérat s'est ainsi engagé à accélérer ses investissements dans la technologie des semi-conducteurs et l'expansion des fonderies, et a déclaré qu'il poursuivrait les mises à niveau technologiques et les investissements dans les infrastructures de son activité de puces mémoire.
Des investissements dans tous les sens
Samsung Electronics, qui dispose de plus de 80 milliards de dollars de liquidités nettes, chercherait également à procéder à des acquisitions majeures, citant l'intelligence artificielle, les réseaux mobiles 5G et la technologie automobile comme des domaines cibles potentiels. pour « consolider sa position de leader technologique et commercial ».
Le conglomérat sud-coréen s'efforcera également de développer son activité de fabrication de médicaments sous contrat, dirigée par Samsung Biologics Co., et son activité de développement de biosimilaires, dirigée par Samsung Bioepis Co. qui prévoient de construire deux nouvelles usines, qui viendront s'ajouter aux trois déjà en service, et à la quatrième en construction. Elles serviront à concevoir des vaccins et des produits de thérapie cellulaire et génique.
La société a produit des médicaments biologiques pour certaines des plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde, comme Roche et a signé un accord pour fournir un emballage de remplissage et de finition pour des centaines de millions de doses du vaccin Covid-19 de Moderna Inc. Elle s'efforce d'ajouter une capacité de fabrication de substances médicamenteuses pour les vaccins à ARN messager.
Samsung soutiendra également sa R&D en cours dans les nouvelles technologies et les applications émergentes dans des domaines tels que l'intelligence artificielle et la robotique, ainsi que le développement de la prochaine génération d'écrans OLED à points quantiques et de batteries à haute densité énergétique. Le groupe prévoit également d'entrer sur le marché américain des batteries pour véhicules électriques, mais n'a pas précisé quand. La sortie de prison de Jay Lee semble visiblement avoir fait beaucoup de bien à la société, la concurrence a du souci à se faire...