Martin Lau, le président de Tencent, a pris la parole, le 18 août, pour commenter les résultats flatteurs du second trimestre de l’entreprise. Cette dernière a enregistré une hausse de 29% de ses bénéfices, au-delà des attentes du marché. Pourtant elle est en difficulté en bourse : depuis janvier, où elle avait atteint des sommets, la valeur de ses actions a baissé de 40%, la faute aux nouvelles réglementations chinoises.

Les nouvelles réglementations chinoises touchent Tencent en plein cœur

Lors de sa conférence téléphonique Martin Lau a déclaré, « Nous devons nous attendre à ce que, dans un avenir proche, davantage de réglementations soient mises en place ». Bien que cette assertion relève presque de l’évidence au vu du contexte en Chine, le président de Tencent a eu le nez creux : le 20 août le législateur chinois a voté une loi sur la protection des données extrêmement stricte. Une autre loi, cette fois sur les pratiques anti-concurrentielles des géants du numérique, est attendue dans le courant de l’année.

Martin Lau estime que Tencent pourra se plier aux nouvelles réglementations de Pékin dans le temps impartie, « je dirais qu’il y aura des incertitudes à court terme et qu’il y a beaucoup de nouvelles réglementations à venir, mais nous sommes assez confiants quant à notre capacité à nous conformer ».

Ce sont pourtant ces incertitudes qui ont valu à Tencent et d’autres la crainte des investisseurs. Ces lois représentent un coup dur à l’activité de Tencent, très directement concerné par les mesures prévues. En sus, dans l’attente de l’entrée en vigueur de la nouvelle législation, les différents régulateurs ne se sont pas privés de les appliquer à coups de sanctions.

Martin Lau montre patte blanche à Pékin

Martin Lau ne s’est pas laissé à la rancœur contre Pékin, il a salué au contraire l’avance de la Chine sur l’Europe et les États-Unis pour créer « un cadre réglementaire plus structurel ». Il a expliqué ne pas être surpris par les décisions de Pékin, « car la réglementation a été en fait assez lâche sur un secteur comme l’Internet, compte tenu de sa taille et de son importance ».

Difficile de faire la part entre la sincérité du discours et la crainte des autorités. Les largesses passées des régulateurs dont a profité Tencent sont bien réelles, tout comme les dérives qu’elles ont entraînées. Martin Lau croit qu’à long terme le nouveau cadre réglementaire se révélera une bonne chose pour l’industrie numérique, il ne doute pas que « le gouvernement reconnaît l’importance de l’industrie de l’Internet sur le plan économique et social, ainsi que la contribution de l’industrie à la compétitivité mondiale ».

Le secteur des jeux vidéo, une « question compliquée »

Dans le secteur des jeux vidéo, Martin Lau s’est montré plus prudent selon CNBC, évoquant une « question compliquée ». Au début du mois, un article au vitriol d’un quotidien officiel avait fait chuter l’action de Tencent, le numéro un du jeu vidéo. Depuis plusieurs années le gouvernement chinois s’inquiète de l’exposition de ses jeunes aux jeux vidéo. Une situation qui place Tencent dans la difficulté.

L’entreprise a multiplié les gages de bonne volonté. Elle a instauré la reconnaissance faciale pour accéder à ses jeux en Chine, dans le but d’en interdire l’accès aux mineurs entre 22h et 8h, conformément à une loi chinoise de 2019. Une mesure qui n’a pas eu les conséquences souhaitées, les critiques ont continué à affluer. Martin Lau estime qu’il faut parvenir à « un consensus entre le régulateur et l’industrie ». Lors de sa conférence téléphonique, il a dit que « les critiques formulées à l’encontre de l’industrie du jeu… seront résolues ».

Martin Lau a tenté, d’un côté de montrer sa bonne volonté et celle de son entreprise à Pékin, de l’autre de rassurer les investisseurs frileux malgré les bons résultats de Tencent. Le second trimestre de l’entreprise prouve la solidité de la plus grande entreprise technologique chinoise. Elle vacille sous les tours de vis des autorités, mais semble tout à fait armée pour traverser cette période.