Le Wall Street Journal a affirmé le 17 août que la Chine renforce son contrôle sur les entreprises numériques sur la foi de documents publics et de sources. La technique serait éprouvée depuis plusieurs années : acquérir une part minime de la société visée pour récupérer une place au conseil d’administration.

ByteDance et Weibo en première ligne

C’est ainsi qu’aurait procédé la Chine avec ByteDance, propriétaire de TikTok, en avril 2021. Une entreprise soutenue par l’État a acheté 1% des actions d’une entité du géant numérique et a obtenu le droit de nommer l’un de ses directeurs au sein du conseil d’administration. Un droit qui n’aurait pas encore été exercé.

Weibo, l’équivalent de Twitter en Chine, est passé par le même processus. Un investisseur public a obtenu 1% de la filiale chinoise de l’entreprise, Weimeng Technology, contre un siège au conseil d’administration.

Weibo et ByteDance ont un point commun, le fond qui se cache derrière ces opérations : le China Internet Investment Fund. Il a la particularité d’être géré par l’Administration du cyberespace de Chine et le ministère des Finances.

Sollicité par le Wall Street Journal, seul ByteDance a répondu, bien placé pour craindre les répercussions qu’un contrôle d’État chinois pourrait avoir aux États-Unis. La société a fait savoir que l’entité impliquée dans la prise de participation concernait uniquement une entité gérant des plateformes médiatiques en Chine.

La Chine renforce son contrôle sur ses entreprises numériques

Depuis 2013 la prise de « participations spéciales de gestion » dans les médias numériques est évoquée en Chine. En 2017 la loi sur l’information en ligne a été modifiée en ce sens. La même année Tiexue, qui exploite un forum et un portail nationaliste, a vendu 2% de ses actions aux autorités contre un siège au conseil d’administration. En 2018, Qutoutiao, un agrégateur d’actualité coté aux États-Unis, a engagé le même processus avec une entreprise publique.

Jusqu’à récemment ces mesures restaient rares du fait de la réticence des entreprises. Le phénomène serait en train de s’accélérer. L’Administration du cyberespace de Chine n’hésite plus à envoyer ses fonctionnaires au sein des sociétés. Ils y jouent un rôle d’agents de liaison pour veiller à l’application des règles gouvernementales, notamment sur la censure des contenus en ligne. Ce durcissement du contrôle sur les médias numériques s’insère dans un épisode de répression sans précédent contre le secteur du numérique en Chine. Depuis début 2021 Pékin souhaite mettre au pas tous ses géants technologiques, les médias sociaux ne font pas exception.