Le 18 mars dernier, le satellite chinois Yunhai 1-02 est mystérieusement tombé en panne, et il semblerait que la cause de ce dysfonctionnement ait finalement été découverte : une collision avec un débris spatial.

Que s’est-il passé ?

Jonathan McDowell, astronome et spécialiste de l’observation des satellites, a en effet expliqué dans un thread Twitter avoir remarqué un changement curieux sur le catalogue de la base de données Space-Track. Il était ainsi écrit que le débris spatial 48078, 1996-051Q, un vestige de la fusée russe Zenit-2 ayant placé en orbite le satellite de renseignement électronique Tselina-2 en 1996, était « entré en collision avec un satellite ». Ce débris spatial mesure entre 5 et 30 centimètres.

Intrigué, McDowell a entamé des recherches et a finalement découvert que ce débris spatial et le satellite Yunhai 1-02 étaient passés à moins d’un kilomètre l’un de l’autre le jour où ce dernier est tombé en panne. Cet incident est « la première collision orbitale majeure confirmée depuis une décennie », explique le scientifique, en faisant référence à la collision, en 2009, du satellite Iridium 33 et de Kosmos-2251, un ancien satellite de communication militaire russe, qui a engendré plus de 1 800 nouveaux débris spatiaux.

Pour l’heure, Jonathan McDowell a identifié 37 nouveaux objets issus de l’accrochage du 18 mars 2021, il précise néanmoins qu’il y en a « sans doute plus ».

Le nombre de débris spatiaux risque d’augmenter de manière exponentielle

Selon l’Agence spatiale européenne (ESA), il y a actuellement en orbite terrestre près de 34 000 objets de plus de 10 cm, environ 900 000 de 1 cm à 10 cm et enfin, près de 128 millions d’1 mm à 1 cm. Ces débris spatiaux font craindre le pire aux experts. Par exemple, la destruction d’un satellite indien en 2019 a directement menacé la Station spatiale internationale et ses occupants. Par ailleurs, un débris spatial a percuté le bras robotique Canadarm2, situé sur la station, au mois de juin dernier.

Le nombre toujours croissant de débris spatiaux fait craindre le pire aux astronomes : « Avec l’augmentation du nombre de satellites, il faut s’attendre à de nombreux autres cas de ce type, ainsi qu’à un nombre croissant de débris plus rares mais plus graves », affirme Jonathan McDowell. En effet, plus il y a d’objets en orbite, plus ils risquent d’entrer en collision les uns avec les autres et donc d’en créer toujours davantage. C’est le fameux syndrome de Kessler, un scénario envisagé en 1978 dans lequel le taux de débris spatiaux augmente de manière exponentielle.

Ce problème très sérieux fait l’objet d’un plan d’action de la part de l’ESA, qui souhaite mettre en place un indicateur mondial dont l’objectif sera de « garantir une utilisation responsable de l’espace et un avenir durable pour tous ».