L’éditeur américain de logiciel de gestions Business Efficiency Solutions (BES) accuse son partenaire Huawei d’avoir installé des portes dérobées dans un logiciel de surveillance vendu au Pakistan. D’après le Wall Street Journal, l’affaire est actuellement devant un tribunal fédéral américain. Cet accès secret au logiciel, utilisé pour la surveillance de la ville de Lahore, aurait permis de collecter des données sur les citoyens et le gouvernement pakistanais. Ce projet s’appuie sur différentes technologies, dont la reconnaissance faciale.

Pour Huawei, il n’y a ​​« aucune preuve »

Selon BES, des données de cartes d’identité, des documents fiscaux ou encore des casiers judiciaires ont été collectées grâce au Data Exchange System de Huawei. L’entreprise chinoise est également accusée d’avoir dupliqué le réseau de la ville pakistanaise de Lahore dans la ville chinoise de Suzhou. Ainsi, un accès direct aux données aurait été permis.

BES avait alors indiqué à son partenaire son souhait d’obtenir une autorisation officielle de la part des autorités pakistanaises. Selon BES, Huawei a soutenu qu’elle n’avait pas besoin de cette autorisation et a menacé de mettre fin à leur accord. Par la suite, l’entreprise a déclaré à BES avoir obtenu la fameuse autorisation… sans fournir de preuves à ce sujet.

À ces accusations, Huawei dit qu’il n’y a ​​« aucune preuve » de l’installation de portes dérobées et a précisé qu’elle ne commentera pas les affaires juridiques en cours. Dans la théorie, une porte dérobée demeure inconnue à l’utilisateur. Par conséquent le fait qu’il n’y ait pas de preuve s’inscrit dans l’essence même de ce type de procédés.

En septembre 2020, Huawei avait évoqué au Wall Street Journal l’existence de la duplication du réseau de Lahore à Suzhou. L’entreprise expliquait alors que cette technologie est en version test et « physiquement isolée » du réseau réel. Par conséquent, elle affirme que l’extraction de données est impossible.

Huawei et BES s’attaquent mutuellement devant les tribunaux pakistanais

Muhammad Kamran Khan, directeur des opérations de la Punjab Safe Cities Authority, qui supervise le projet de Lahore, a déclaré qu’une enquête était en cours et que des explications ont été demandées à Huawei. ​​« Pour le moment, il n’y a aucune preuve de vol de données par Huawei », déclare Muhammad Kamran Khan. Huawei et le Pakistan auraient signé d’autres contrats sur des projets liés à la sécurité et la surveillance des villes.

Ce n’est pas le premier différend entre Huawei et BES. L’entreprise américaine a attaqué son partenaire chinois devant la justice pakistanaise. Et l’entreprise chinoise poursuit son partenaire américain devant cette même justice. Ces procédures sont toujours en cours.

Le ministère des Affaires étrangères du Pakistan n’a pas répondu aux demandes de commentaires du Wall Street Journal. Le Pakistan fait partie des nouvelles routes de la soie chinoises. Le port de Gwadar, situé à proximité du détroit d’Ormuz par lequel circule 40% du pétrole mondial et financé à 85% par Pékin en est une illustration.

Cette affaire met à nouveau en lumière le possible lien entre Huawei et la Chine en matière d’espionnage. Cette crainte avait d’ailleurs poussé les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore la France à limiter les infrastructures Huawei dans le développement de leurs réseaux 5G. Huawei a toujours démenti ces accusations.