Nouvel épisode de la guerre au contrat cloud entre Microsoft et Amazon. L’entreprise désormais dirigée par Andy Jassy avait lancé une bataille judiciaire contre le choix, en 2019, du Pentagone en faveur de Microsoft pour son projet cloud du Joint Enterprise Défense Infrastructure (JEDI), évalué à 10 milliards de dollars. Une affaire conclue par une victoire d’Amazon et la révision du projet.

Les rôles sont désormais inversés. Le 21 juillet, Microsoft a officiellement protesté auprès du Government Accountability Office (GAO) contre l’obtention par Amazon du contrat cloud de la NSA, nommé Wildand Stormy. Le GAO est l’organisme du Congrès américain chargé des comptes publics et du budget fédéral des États-Unis. Le contrat disputé est, comme JEDI, estimé à 10 milliards de dollars.

La NSA a-t-elle correctement évalué les offres des fournisseurs ?

D’après les informations des médias outre-Atlantique, la NSA souhaiterait moderniser son dépôt de données classifiées, l’Intelligence Community GovCloud. Il centralise les données de renseignements d’origine électromagnétique, autres informations de surveillance et les renseignements étrangers pour ses analystes et les agences américaines accréditées. En 2020 les responsables de l’agence ont souhaité que ce service, géré en interne, s’appuie sur un fournisseur commercial. La croissance exponentielle des données mettrait à mal les capacités de l’agence à évoluer. Une initiative, l’Hybrid Compute Initiative, a été lancée pour transférer les données de l’Agence de ses serveurs à un service commercial.

Deux semaines après avoir appris la victoire d’Amazon, Microsoft a déposé un recours. L’entreprise a déclaré à NextGov que « sur la base de la décision, nous déposons une protestation administrative via le Government Accountability Office. Nous exerçons nos droits et nous le ferons de manière prudente et responsable ». D’après le Washington Technology, Microsoft estime que la NSA n’a pas procédé à une évaluation correcte des fournisseurs en lice pour le contrat.

La NSA a confirmé l’attribution du contrat Wildand Stormy à Amazon et la démarche de Microsoft. Elle a déclaré à NextGov que « L’Agence répondra à la protestation conformément aux règlements fédéraux appropriés ».

Amazon et Microsoft en guerre pour les marchés publics américain de cloud

Microsoft avait fait savoir sur son blog en 2020 qu’elle voulait entamer les procédures pour que sa filiale cloud, Azure, obtienne l’accréditation Top Secret du gouvernement pour « répondre à la demande d’une plus grande agilité dans l’espace classifié ». AWS, le service cloud d’Amazon a longtemps eu plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents pour remporter des marchés publics. En 2013 elle avait obtenu le contrat C2S de la CIA, pour 600 millions de dollars.

La victoire, temporaire, de Microsoft sur le projet JEDI du Pentagone, a montré que l’entreprise ne se laisserait pas faire. En novembre 2020 le contrat Commercial Cloud Enterprise de la CIA, estimé à plusieurs milliards de dollars, a été réparti entre cinq entreprises, Amazon et Microsoft, mais aussi Oracle, IBM et Google. Une formule qui semble privilégiée pour le Joint Warfighter Cloud Capability, la nouvelle mouture cloud du département de la défense américain.

Pour le projet Wildand Stormy, la NSA saura le 29 octobre, date du verdict du GAO, si elle devra faire face à autant de difficulté juridique que le Pentagone.