La Nouvelle-Zélande a confirmé le 5 août l’arrivée sur son territoire de Larry Page, cofondateur de Google, au début de l’année 2021. Le sixième homme le plus fortuné de la planète n’est pas le seul à avoir traversé le Pacifique, suivant une certaine tendance.

Larry Page a obtenu son visa début 2021

Larry Page a formulé une demande de visa en novembre 2020 pour la Nouvelle-Zélande. Un visa « Investor Plus » délivré contre un engagement à investir 10 millions de dollars néozélandais (environ 6 millions d’euros) dans le pays. Wisk Aviation, une startup développant un avion électrique et autonome, dont le siège se trouve aux États-Unis, mais avec de nombreuses activités en Nouvelle-Zélande, pourrait bénéficier de l’argent du cofondateur de Google.

Pour le visa, il l’a obtenu au début du mois de février selon le média local Stuff. Il a néanmoins pu entrer dans le pays un mois plus tôt, malgré les frontières fermées à cause du Covid-19. Son enfant, tombé malade à Fidji, a dû subir une évacuation sanitaire.

La liste des ultras riches occidentaux et surtout originaires de la Silicon Valley à s’installer secrètement sur les îles néo-zélandaises depuis quelques années serait longue. En 2017, le New Yorker a révélé que cette tendance ne serait qu’un secret de polichinelle dans les milieux autorisés.

La Nouvelle-Zélande, la terre d’accueil toute désignée en cas de fin du monde

La motivation principale à cet exil aux confins du monde serait la recherche d’un refuge en cas d’apocalypse. Le Global Sustainability Institute de l’Université anglaise Anglia Ruskin a publié une étude désignant plusieurs pays comme adaptés à devenir un refuge en cas de catastrophe de tout ordre. Grâce à sa population réduite, 5 millions d’habitants, sa stabilité politique, son climat tempéré, son autosuffisance en énergie, en eau potable, en nourriture, la Nouvelle-Zélande s’est érigée à la première place du classement.

Le fondateur de LinkedIn, le milliardaire Reid Hoffman, l’a admis sans détour au New Yorker, pour lui la Nouvelle-Zélande est « un refuge privilégié en cas d’apocalypse ». Dans un long reportage, le Guardian avait révélé en 2018 que la demande de logement pour super-riche était bel et bien en pleine forme. La recherche d’un lieu d’exil serait un critère parmi d’autres, mais le phénomène bien réel. L’élection de Donald Trump semble avoir joué un rôle dans cette panique soudaine.

Pourtant c’est un ami de l’ancien président américain qui fut longtemps l’une des figures les plus connues à obtenir la nationalité néo-zélandaise, en 2017, malgré 12 jours de présence dans le pays à l’époque : Peter Thiel. Le cofondateur de PayPal et l’un des premiers investisseurs de Facebook évoquait la Nouvelle-Zélande dès 2011.

Un manifeste libertaire à l’origine de la passion de Peter Thiel pour le pays

À l’origine de cet intérêt d’une part la passion pour le Seigneur des Anneaux du milliardaire, d’autre part, selon le Guardian, le livre de chevet de ce dernier, The Sovereign Individual, un manifeste libertaire. Publié en 1997, Thiel l’a mentionné comme l’un des livres qui l’a le plus influencé. Il a été rédigé par William Rees-Mogg, un ancien rédacteur en chef du Times et James Dale Davidson, un investisseur privé.

Dans ce livre est présentée une véritable dystopie où l’État-nation est perçu comme un cartel criminel qui vole l’argent des particuliers. Selon ses auteurs, internet et la cryptomonnaie rendront obsolète ce modèle pour aboutir à une société post-démocratique. Dans cette société les ultra-riches formeront une élite qui la façonnera selon leurs désirs. Le lieu idéal pour que cette élite prospère ? La Nouvelle-Zélande.

Tous les milliardaires de la Silicon Valley ou ailleurs s’aménageant un plan de survie dans le pays ne partagent pas forcément les opinions de Peter Thiel, auteur de plusieurs sorties remarquées contre la démocratie. Il n’empêche qu’ils se préparent à la perspective d’un effondrement des sociétés occidentales.