Une directive du plus haut organe de propagande de l’État chinois s’intéresse aux algorithmes diffusant du contenu en ligne, comme ceux de la maison-mère de TikTok, ByteDance, ou encore ceux de Tencent. Son objectif : « améliorer les normes de la critique littéraire et artistique » et « donner la priorité à la valeur sociale », rapporte South China Morning Post. Comme en témoigne l’interdiction en 2018 de Winnie l’Ourson pour sa ressemblance avec Xi Jinping, la censure pourrait être une autre motivation du Parti Communiste Chinois (PCC).

La promotion artistique vraiment au cœur de la directive ?

Bien que le texte intégral de cette directive passée en août 2021 n’ait pas encore été publié, celle-ci va probablement se traduire par de nouveaux standards de conformité pour les entreprises. Au-delà des objectifs culturels, cette directive marque un peu plus de contrôle de la part de Pékin sur les affaires des géants chinois de la tech, mais aussi sur leurs nombreux utilisateurs. De fait, en supervisant les contenus diffusés en ligne, le contrôle de l’opinion publique est facilité.

Si l’objectif prôné est de favoriser les « revues culturelles et artistiques » face aux scandales impliquant des stars du cinéma chinois qui seraient trop promus sur les réseaux, les diffuseurs de contenus en ligne sont également invités à « adhérer à la bonne direction, à renforcer les théories et critiques littéraires marxistes et à prêter attention aux impacts sociaux de la critique littéraire […] et à ne pas contribuer à la diffusion de contenus bas, vulgaires, racoleurs ou récréatifs », rapporte Xinhua, la plus ancienne agence de presse chinoise.

En parallèle, elle indique que la Chine « renforcera la recherche et l’orientation sur les algorithmes, imposera une gouvernance complète de leurs recommandations et ne fournira pas de canaux pour la diffusion de contenus erronés ». Reste donc à voir la pratique. La même semaine, sans que trop de précisions soient apportées, l’administration chinoise du cyberespace a supprimé quelque 150 000 contenus nuisibles et a fermé plus de 4 000 comptes liés à « des fan-clubs », selon les mots de South China Morning Post.

La censure n’est pas une spécificité chinoise

Ce n’est pas la première fois qu’une application est désapprouvée. En 2018, l’application de mèmes Neihan Duanzi appartenant à ByteDance avait été fermée à cause de l’hébergement de contenus vulgaires. À la suite de cette affaire, le fondateur de ByteDance, Zhang Yiming, a présenté des excuses publiques et embauché des milliers de modérateurs pour contrôler les contenus non conformes.

La nouvelle directive est soutenue par le département central de la propagande du Parti communiste, le ministère de la Culture et du Tourisme, l’Administration d’État de la radio et de la télévision, ainsi que par la Fédération chinoise des cercles littéraires et artistiques et l’Association des écrivains chinois, deux organismes regroupant les artistes et les auteurs approuvés par Pékin.

La censure en ligne n’est pas exclusive à la Chine. L’Inde a ainsi menacé d’emprisonner des employés de Twitter s’ils n’appliquaient pas une censure sur les contenus évoquant des manifestations d’agriculteurs. Toujours en Inde, le gouvernement a demandé aux réseaux sociaux de censurer les posts faisant référence au « variant indien ».

Au Vietnam, Facebook censure les contenus anti-gouvernementaux. Néanmoins, les réseaux sociaux se positionnent aussi contre la censure. Ce fut le cas au Pakistan, pays membre des nouvelles routes de la soie, où Facebook, Twitter et Google ont menacé de quitter le pays à cause d’une loi sur la censure en ligne. Du côté des États-Unis, la justice américaine a censuré des sites de médias pro-iraniens en bloquant leur accès.