L’idée germe en 2016. Romain Barraud, président de Welco, alors étudiant, se retrouve malgré lui à devoir récupérer un colis pour une voisine des bras d’un livreur désespéré. La Poste teste la livraison en soirée, mais sa voisine, restauratrice, est inaccessible. Elle récupérera quelques jours plus tard son produit, ravie qu’un voisin ait pu le mettre en sécurité avant un retour à l’envoyeur.
Convaincu qu’il y a chaque jour des millions de voisins à sauver et autant de livreurs à soulager, Romain Barraud consacrera la fin de ses études à la concrétisation de son idée. En 2018, Welco voit le jour, cofondée avec Mathieu Mazoyer, motivé par la volonté de « réinventer le point relais », nous confie son président.
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Le modèle Welco
La solution de Welco fonctionne en B2B2C, mettant en jeu trois entités : les e-commerçants, les transporteurs, et une communauté de particuliers, aussi appelés ‘welkers’.
Souvent, victimes de leur succès, « les points relais traditionnels ne permettent plus de répondre aux flux de colis » d’un site de vente en ligne. S’attachant les services de Welco, il pourra, après intégration, offrir plus d’options de récupération de colis à ses clients.
Sur la carte qui leur est présentée, n’apparaissent plus uniquement les bureaux de tabac, fleuristes, ou supérettes habituelles, mais de nombreux autres points : les welkers.
Côté transporteur, Welco collabore avec UPS pour un volume moyen de 15 000 colis mensuels, ainsi que showroomprive. Elle est également venue s’ajouter aux options proposées par Relais Colis ainsi que Mondial Relay. D’autre part, l’entreprise « avance sur une signature avec DHL » ajoute Romain Barraud, en plus d’avoir récemment rejoint l’accélérateur de La Poste.
Souhaitant être le plus transparent possible à la fois pour les e-commerçants et pour les transporteurs, elle leur met à disposition des API. En s’y connectant, les entreprises partenaires peuvent « accéder à la communauté pour optimiser les tournées de livraison, et éviter les seconds passages ». Dans le cas d’un client absent au moment de la livraison, « le transporteur pourra le remettre à un voisin de confiance, un de nos welkers ». Normes de la logistique obligent, le colis sera gardé 14 jours, extensible jusqu’à 30 jours dans certains cas. « On s’est rendu compte que le consommateur aujourd’hui n’est plus pressé d’avoir son colis, ce qu’il souhaite, c’est savoir exactement quand il va l’avoir, » éclaire le président de Welco.
À l’instar des points relais, les particuliers acceptant de recevoir les colis de leurs voisins arborent quelques précisions complémentaires. Certains peuvent notamment récupérer et restituer des livraisons tard en soirée (après 21h), d’autres acceptent d’apporter eux-mêmes le colis chez le client.
Quant à leur profil, il est aussi varié qu’on peut l’imaginer. Étudiants, télétravailleurs, retraités, parent en congé parental… Le seul prérequis étant d’être plusieurs jours par semaine chez soi.
Avant d’intégrer un nouveau relais particulier Welco procède à quelques vérifications de sécurité classiques, puis à une courte formation. Une fois l’inscription finalisée, il pourra empocher jusqu’à 1€ par colis, et jusqu’à 300€ par mois.

Côté welkers, l’application de Welco présente le CO2 économisé, le nombre de colis réceptionnés, ainsi que le montant de leur cagnotte. Image : Welco.
Un développement post-confinement
Aujourd’hui, Welco compte plus de 35 000 welkers, dont 15 000 actifs (profil vérifié et zone couverte). En comparaison, Relais Colis revendique 5 200 points, et Mondial Relay 11 000. Son offre s’étend dans 30 villes de France : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Rennes, Nice, Montpellier, Bourg-en-Bresse… D’ici la fin de l’année, la plateforme devrait en compter 45, et continuera son expansion avec la volonté de ne pas bouder les zones rurales, ni les autres pays d’Europe.
Au-delà de son évolution géographique, une nouvelle plateforme lui permettra bientôt d’être disponible pour des millions de consommateurs sur n’importe quel site. « Nous travaillons dessus depuis près d’un an maintenant » explique Romain Barraud, « ce sera une petite révolution ».
L’offre devrait elle aussi évoluer, avec la possibilité pour des particuliers de faire appel à des welkers afin de prendre en charge le retour de colis. Ils éviteront ainsi les files d’attente trop longues en bureau de poste.
Avec bientôt 100 000 colis récupérés (50 000 en avril 2021), la start-up ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre ambition est de faire de Welco la première solution de récupération de colis dans le monde, » conclut son président.