Le CEO de NSO Group a décidé de prendre la parole suite aux révélations du Projet Pegasus et aux accusations portées contre sa société par un consortium de 17 organisations mondiales, dont des ONG et des médias. Shalev Hulio affirme que : « la liste des 50 000 numéros de téléphone n’a rien à voir avec nous », et il tente de le prouver.

Shalev Hulio explique pourquoi son logiciel ne peut pas être impliqué

La société israélienne NSO Group est-elle réellement à l’origine de l’espionnage de 50 000 numéros de téléphone ? D’ailleurs, cette liste de numéros de téléphone existe-t-elle vraiment ? C’est la question que soulève Shalev Hulio dans une interview accordée à Calcalist il y a quelques jours. Pour le ce CEO de NSO Group, cette liste n’a pas pu être obtenue grâce au logiciel Pegasus qu’elle conçoit, et il explique pourquoi : « Pegasus compte 45 clients, avec environ 100 cibles par client et par an, impossible d’atteindre 50 000 cibles ».

Au centre du débat : cette fameuse liste de 50 000 numéros de téléphone rapportée dans une enquête menée par 17 médias et dirigée par l’association Forbidden Stories, basée à Paris. Selon les premiers résultats de l’enquête, ces 50 000 numéros de téléphone auraient été surveillés par une dizaine de gouvernements grâce au logiciel Pegasus fabriqué par NSO Group. Un téléphone portable d’Emmanuel Macron aurait même été surveillé par les services de renseignements marocains. Les médias accusent la société de Shalev Hulio car ils pensent avoir identifié certains de ses clients. Pourtant, l’enquête ne prouve pas la source de la liste, ni pourquoi elle a été attribuée à NSO Group.

Les preuves contre NSO Group sont minces

Le Washington Post a écrit que : « l’origine de la liste ne peut pas être déterminée avec certitude ». NSO Group a un passif qui ne joue pas en sa faveur. En 2020, le FBI enquêtait déjà sur les activités de cette société israélienne, convaincu que NSO Group pourrait être au cœur de nombreux scandales dans des affaires d’espionnage gouvernemental. L’Institut de recherche Citizen Lab de l’Université de Toronto a été le premier à révéler l’activité de l’entreprise. Pourtant, Shalev Hulio explique que : « nous avons finalement reçu des captures d’écran de la liste des 50 000 numéros de téléphone et nous avons compris que ces données n’avaient pas pu être récoltées grâce à Pegasus ».

C’est la première fois que le CEO de NSO Group accepte de répondre à quelques questions. Cela s’explique certainement en raison de l’ampleur que prend cette affaire. Shalev Hulio, nie en bloc. Il est catégorique : « notre logiciel ne peut pas être utilisé à des fins malveillantes ». Pourtant, selon Amnesty International, sur au moins 37 numéros de téléphone, il y avait des traces du logiciel Pegasus ou de tentatives d’installation du logiciel. Dans plusieurs cas, il y a une corrélation entre le moment où le numéro de téléphone entre dans le système HLR et le début de l’activité de Pegasus sur l’appareil. Une enquête approfondie sera probablement menée pour vérifier si le logiciel Pegasus est effectivement impliqué dans cet espionnage massif.